N°2 / Langage et pensée complexe

La méthode de la complexité pour comprendre la plurisémiocité des discours numériques : de l’efficacité de TikTok

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Damien Deias

Résumé

Résumé :

A partir d’un corpus de vidéos collectées sur la plateforme Tik Tok, notre étude vise à analyser la plurisémiocité et le fonctionnement mémétique de ces productions. Nous cherchons ainsi à montrer l’efficacité de ces discours natifs de Tik Tok par une utilisation stratégique et intégrée de différents modes d’expression. Nous nous inscrivons pour cela dans l’analyse des discours numériques et du travail épistémologique post-dualiste en cours dans ce champ des sciences du langage. Par notre travail d’analyse, nous souhaitons ainsi contribuer au questionnement portant sur les oppositions écrit/oral, homme/machine et texte/image.

 

Abstract :

Based on a corpus of videos collected on the Tik Tok platform, our study aims to analyse the plurisemicity and memetic functioning of these productions. We seek to show the effectiveness of these native productions of Tik Tok through a strategic and integrated use of different semis. This is why we are working on the analysis of digital discourses and post-dualist epistemological work in this field of language sciences. Through our analytical work, we wish to contribute to the questioning of written/oral, man/machine and text/image oppositions.

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La méthode de la complexité pour comprendre la plurisémiocité des discours numériques : de l’efficacité de TikTok

 

Damien Deias

Centre de Recherche sur les Médiations (CREM), UR 3476, Université de Lorraine, 57045 Metz

damien.deias@univ-lorraine.fr

 

Mots-clés : TikTok, discours numériques, pensée complexe, plurisémiocité.

 

Keywords : TikTok, digital discourses, complex thought, plurisemicity. 

 

Résumé :

A partir d’un corpus de vidéos collectées sur la plateforme Tik Tok, notre étude vise à analyser la plurisémiocité et le fonctionnement mémétique de ces productions. Nous cherchons ainsi à montrer l’efficacité de ces discours natifs de Tik Tok par une utilisation stratégique et intégrée de différents modes d’expression. Nous nous inscrivons pour cela dans l’analyse des discours numériques et du travail épistémologique post-dualiste en cours dans ce champ des sciences du langage. Par notre travail d’analyse, nous souhaitons ainsi contribuer au questionnement portant sur les oppositions écrit/oral, homme/machine et texte/image.

 

Abstract :

Based on a corpus of videos collected on the Tik Tok platform, our study aims to analyse the plurisemicity and memetic functioning of these productions. We seek to show the effectiveness of these native productions of Tik Tok through a strategic and integrated use of different semis. This is why we are working on the analysis of digital discourses and post-dualist epistemological work in this field of language sciences. Through our analytical work, we wish to contribute to the questioning of written/oral, man/machine and text/image oppositions.

 

 

1. Introduction

 

Créé en 2004, le réseau social numérique Facebook revendique en 2022 2,91 milliards d’utilisateurs. Deux ans plus tard nait Twitter. La plateforme chinoise Tik Tok, créée en 2016, a suivi un développement bien plus fulgurent, profitant comme un effet d’aubaine du confinement planétaire dû à la pandémie du Covid-19. Dans les rues des grandes villes comme sur les places des petits villages, nous pouvons voir des adolescents filmer des chorégraphies et autres créations. Le marketing s’est rapidement emparé de cet objet, et les publications dans ce domaine sont nombreuses. L’usage marketing de Tik Tok est aujourd’hui enseigné dans la plupart des écoles de commerce. Or, les sciences du langage semblent pour l’heure se désintéresser de cet objet. Hormis les travaux de Grégoire Lacaze (2022), l’état de l’art est relativement rapide à établir. Nous nous emploierons donc à montrer que Tik Tok est un terrain de recherche fertile pour le linguiste, et que l’analyse de son contenu peut contribuer à interroger des notions et concepts fondamentaux de la discipline.

A partir d’extraits d’un corpus de vidéos Tik Tok en cours de collecte depuis février 2022, notre réflexion théorique s’inscrit dans le champ de l’analyse du discours numérique, et en particulier dans le sillon des travaux de Marie-Anne Paveau (2017). Notre questionnement concerne l’efficience des courtes productions vidéo natives de la plateforme Tik Tok. Notre hypothèse est que cette efficience résulte d’un usage intégré, technologique et mémétique de la multimodalité. Notre étude n’est cependant pas seulement une étude de cette multimodalité. Nous pensons que la richesse de celle-ci permet d’approfondir le débat théorique et conceptuel dans le champ de l’analyse du discours numérique, en particulier son approche post-dualiste. La mise en œuvre de la méthode de la complexité développée par Edgar Morin (2008) nous permettra de penser la manière dont se réorganise certaines notions des sciences du langage, confrontées aux nouveaux matériaux issus des discours numériques. C'est en particulier la construction dans un rapport d'opposition de binômes conceptuels que nous souhaitons interroger à l'aune de la méthode morinienne. Dans un premier temps, nous rappellerons les principaux problèmes qui se posent dans l’analyse des discours numériques, et la manière dont ils remettent en cause les oppositions écrit/oral, homme/machine et écrit/image. Nous appuyant sur cette problématisation des enjeux, nous mènerons une analyse précise de vidéos Tik Tok, en nous focalisant sur l’agencement de la multimodalité permis par la co-énonciation technologique. Enfin, nous prolongerons cette analyse en mettant en lumière ses conséquences et potentialités pour les sciences du langage.

 

2. Problématique et problèmes de l’analyse des discours numériques

 

Le foisonnement de nouvelles formes de discours numériques change indubitablement les manières de communiquer, de penser et d’agir. Les nombreuses applications de rencontre (Tinder, Grinder, Meetic…) modifient les pratiques de séduction, et les rapports amoureux et sexuels. L’ensemble des champs des activités humaines est modifié voire bouleversé par les discours numériques : le militantisme, l’enseignement, l’apprentissage, les loisirs, le travail… Concernant ce dernier domaine, citons par exemple les nouvelles techniques facilitant le télétravail qui ont rendu possible les phases de confinement durant la pandémie du Covid-19, ou bien encore les changements en cours et à venir opéré par l’intelligence artificielle (Bernier, 2021). De l’annonce d’une naissance avec les faire-part numériques à celle du décès et de la pratique du deuil (Pène, 2011). Les discours numériques ouvrent de ce fait, et par la relative facilité des collectes, de nouveaux champs de recherche qui semblent infinis, à la mesure de la somme inédite de discours produits, pour la plupart des disciplines des Sciences humaines. Ils posent aussi des problèmes quant à leur appréhension par les notions, outils et concepts de ces disciplines. Cette question de l’adaptation ou de la rupture épistémologie est particulièrement prégnante pour les Sciences de l’information et de la communication (Marcoccia, 2016) et dans les Sciences du langage. Merzeau parle ainsi de « transformation environnementale, qui affecte les structures et les relations » et qui ce faisant « remet en question les modèles conceptuels qui servent à les formaliser » (2009 : 23). S’inscrivant dans la continuité de Boullier pour la sociologie (Boullier, 2015), Paveau prend acte du décrochage des Sciences humaines face aux GAFA, et travaille à l’élaboration d’un nouvel ensemble conceptuel pour équiper l’analyse des discours numériques (Paveau, 2017).

 L’application chinoise de création et partage de vidéos TikTok nous semble être un terrain d’étude particulièrement intéressant pour explorer ces enjeux conceptuels et disciplinaires, et ce pour plusieurs raisons que nous allons brièvement exposer. Le contenu de cette application d’abord demeure peu étudié par les sciences du langage, comparativement à d’autres réseaux sociaux numériques comme Facebook et en particulier Twitter. Trois raisons peuvent sans doute expliquer ce manque d’intérêt. La première tient au jeune âge de l’application. Elle a été lancée il y a 6 ans seulement en Chine par ByteDance. Prisée dans un premier temps par les adolescents, proposant un premier contenu qui prend la forme de courtes vidéos de danse, elle a connu un élargissement et une diversification notable de son public durant la période du Covid-19, à la faveur des confinements. La seconde raison tient sans doute à l’apparente futilité de l’application. Or, nous l’avons dit, en s’accroissant, ses utilisateurs se sont diversifiés, ainsi que les contenus. Par ailleurs, quand bien même une partie du contenu proposé serait « futile », orienté vers un divertissement plus léger, l’objet n’est pas pour autant illégitime pour le linguiste. Il est même particulièrement intéressant et fructueux, eut égard de la créativité formelle des tiktokeurs, point nodal de cet article. 

L’application TikTok se présente comme une plateforme donnant la possibilité de visionner et de créer de courtes vidéos, d’une durée maximale de 60 secondes, et minimale de 3 secondes. Son originalité réside dans la possibilité de créer des clips, en choisissant des « sons » au moment de la création de la vidéo. Ces sons peuvent être des musiques, mais aussi des dialogues de films, d’émissions, de débats politiques, et ou bien des contenus sonores d’autres vidéos TikTok, et qui sont alors natifs de l’application. C’est bien sur ce point que se distingue TikTok, la multiplicité des formes de vidéos qui sont apparues, et qui sont permises par ce dispositif technologique. Nous développerons ce point en convoquant un concept devenu fondamental dans l’analyse des discours numériques, l’affordance.

La seconde particularité de l’application TikTok réside dans le rôle prépondérant de l’algorithme. Celui-ci joue certes un rôle également important dans les autres plateformes de partage de vidéos comme Youtube, mais il prend une autre dimension sur Tik Tok dans la mesure où c’est en scrollant que l’utilisateur change de vidéo, en un fonctionnement linéaire. Une vaste enquête du Wall Street Journal (2021), réalisée à partir de 100 faux comptes et boots, a permis de mieux en comprendre le fonctionnement, celui-ci demeurant très opaque. Afin de cerner les préférences des utilisateurs, et leur proposer un contenu thématique qui les incite à passer du temps sur l’application, l’algorithme scrute leur comportement : les vidéos likées, commentées, mais aussi le temps passé sur une vidéo, l’hésitation avant de scroller... L’application procède également par confirmation. Si la vidéo d’une chaîne ou bien une vidéo correspondant à une certaine thématique est identifiée comme pouvant potentiellement plaire à un utilisateur, l’algorithme va proposer, après quelques nouvelles vidéos visionnées, une seconde vidéo de la même chaîne ou bien correspondant à la même thématique.

            Comme nous l’avons esquissé, l’analyse des discours numériques pose des questions épistémologiques importantes. Partant de considérations générales sur le fonctionnement de l’application TikTok, nous proposons de nous arrêter sur trois oppositions conceptuelles fondamentales pour les sciences du langage : écrit/oral, texte/image et homme/machine. Cette mise à distance et interrogation autour de ces oppositions est unie par une même démarche épistémologique. Elle consiste en la mise en œuvre de l’épistémologie de la complexité morinienne, c’est-à-dire « l’émergence du principe récursif complexe, comportant l’association de notions à la fois complémentaires et antagonistes » (Morin, 1982 : 117). Confrontées aux nouvelles formes de discours numériques, ces oppositions conceptuelles sont amenées à évoluer, c’est-à-dire à être également envisagées dans une forme de complémentarité par le biais d’interpénétrations, ce que nous allons montrer précisément avec des productions natives de TikTok. L’enjeu de cette démarche théorique est donc également celui d’une compréhension de la plurisémiocité à l’œuvre sur TikTok, et d’une réflexion relative à l’épistémologie des sciences du langage.

La première opposition conceptuelle fondamentale des sciences du langage à avoir été questionnée par les discours numériques est la frontière entre l’usage de l’écrit et de l’oral. La popularisation des tchats, des messageries instantanées et des  forums à la fin de la décennie 1990 a conduit Jacques Anis à proposer le concept de « parlécrit » (1999 : 74), précédé par Christopher C. Werry qui propose « interactive written discourse » (1996 : 49). Le mot-valise « clavardage » (Tatossian, 2008 : 122) met quant à lui l’accent sur l’outil, le clavier. Le parlécrit permet de nuancer le constat d’une prévalence de la pratique de l’écrit dans les premiers temps de la démocratisation d’internet, et de caractériser une nouvelle pratique d’écriture qui se joue de la norme pour introduire des éléments typiques de l’oral. Le parlécrit palie ainsi à l’absence d’intonation, de mimique, de geste, et use de tournures syntaxiques propres à l’oral. Il est intéressant de constater que l’interpénétration de l’usage de l’écrit et de l’oral s’approfondit dans les discours numériques.  L’introduction des messages vocaux ou « vocal » par WhatsApp en 2013, intégrés à la conversation écrite, ajoute une complexité supplémentaire. L’utilisateur alterne ainsi l’usage de l’oral enregistré et du parlécrit.

Le second binôme conceptuel fondamental concerne la sémiose, opposant texte et image. Le concept de « technographisme » proposé par Marie-Anne Paveau (2019 : 2) envisage l’interpénétration entre l’image et le texte de manière réciproque. Le terme de « technographisme » désigne des compositions typiques des réseaux sociaux numériques qui mêlent texte et image, par l’incrustation par exemple d’un message ou plusieurs messages sur une image. L’image n’est alors plus seulement une illustration accompagnée d’une légende, mais devient en elle-même porteuse de sens. Selon le processus réciproque, un texte transmis ou reproduit par une capture d’écran ou screenshot subit une iconisation.  

Le troisième binôme conceptuel oppose l’Homme et la machine. Cette dernière, dans l’analyse de discours numériques mis en relation par les réseaux, ne peut être seulement envisagée comme un nouvel outil scripteur comme le calame et les tablettes d’argile, le stylo-bille et le papier ou bien les machines mécanographiques. Il faut alors prendre en compte le rôle actif de la machine dans la réalisation des discours numériques en ligne qui crée des « co-énonciation technologiques » (Cotte, 2004 : 111). Ainsi, « en ligne, ce ne sont pas vraiment les scripteurs et locuteurs qui écrivent et qui parlent mais, pour aller plus vite, les machines et leurs programmes qui permettent que des productions langagières fruits de l’intentionnalité de sujets soient performées et acquièrent une existence. » (Paveau, 2017 : 13). Cette conception post-dualiste concerne l’acte de création du contenu assistée par un logiciel ou une application en ligne, mais aussi la diffusion sur les réseaux et les conditions de diffusion permises par les algorithmes. Ajoutons que les étapes de cette co-énonciation technologique ne peuvent s’envisager de manière linéaire mais forme une boucle puisque la co-énonciation et sa préparation doivent prendre en compte les conditions de diffusion. Cela peut concerner la connaissance de l’algorithme qui favorise la diffusion de certaines formes ou certains contenus, ou bien l’inscription dans une tendance (appelée « trend » sur TikTok).

Nous allons maintenant envisager ces perspectives post-dualistes en nous appuyant sur un corpus collecté sur l’application TikTok.

 

3. Tiktok et la plurisémiocité des discours numériques

 

Aux questionnements théoriques que nous posons dans cet article, sous-tend pour notre cas d’étude une question relative à l’efficacité de TikTok qui revendique en 2023 1 milliard d’utilisateurs dans le monde, et 125 millions en Europe (France 24, 2023). Notre hypothèse est que l’efficience de TikTok s’explique en partie par les potentialités technologiques de l’application, qui permettent une intégration facilitée de différentes sémioses. Le plurisémiotisme est en effet une constante des différentes vidéos natives de l’application. Nous pourrions ainsi considérer que l’affordance de TikTok conduit les utilisateurs à produire des vidéos plurimodales. La brièveté des vidéos TikTok d’une part et la facilité pour l’utilisateur à scroller pour passer d’une vidéo à l’autre incitent le créateur de contenu à développer des stratégies adaptées pour retenir l’attention. La plurimodalité est sans doute le moyen le plus efficace pour atteindre ce but. Les vidéos TikTok sont ainsi, comparativement aux vidéos mises en ligne sur Youtube, sémiologiquement plus denses tout en demeurant, contrainte ultime, « digestes ». Les capacités de compréhension de l’utilisateur de TikTok ne doivent pas être saturées.

            En dépit d’un format relativement bref, les formes de vidéos sont très diverses sur TikTok, et les créations et évolutions sont pour ainsi dire constantes. Le récit de l’expérience de l’écrivaine Marlowe Granados est à ce titre riche d’enseignements : « Rien d’étonnant à ce que l’esthétique TikTok engendre une certaine confusion : elle mute très rapidement. Il existe un genre entier de vidéos TikTok consacrées à la démystification de son algorithme, et même ses utilisateurs les plus populaires ne sont pas certains du contenu privilégié par la plateforme. » (Granados, 2022 : 63). L’algorithme incite donc les créateurs de contenu à inventer incessamment de nouvelles formes de vidéos. Cette créativité est tout à fait complémentaire de l’inscription du contenu dans les tendances du moment. Ces tendances prennent sur TikTok une forme mémétique, elle-même plurisémiotique. Rappelons que la notion de « mème » est issue de la conception de Dawkins (2006) qui « défend une conception de l’évolution biologique centrée sur les gènes comme unité principale de sélection, introduit vers la fin de son livre le concept de mème afin d’analyser ce qu’il considère comme une particularité de l’espèce humaine : la culture. » (Lerique, 2016 : 47). Le champ de recherche ouvert est vaste, et nous ferons pour notre part un usage plus restreint de la notion de « mème », sans non plus le limiter à la notion canonique de « mème internet ». Cette dernière notion, très populaire aujourd’hui, désigne des photographies en circulation sur internet, sur lesquelles figure un élément textuel qui peut être une citation, parfois une seule expression ou un seul mot. Comme le font remarquer Antoine Gautier et Gilles Siouffi, « [d]ans le champ des sciences du langage, le caractère figé de certains contenus à forte diffusion fait l’objet de nombreuses études depuis plusieurs décennies, dont les différents champs disciplinaires des sciences du langage déterminent des modes d’approche variés » (Gautier & Siouffi, 2016 : 9). Considérant les éléments du corpus que nous avons retenus, nous identifions deux objets dont le fonctionnement peut être qualifié de mémétique : le son de la vidéo et le filtre potentiellement utilisé. Ces deux objets sont utilisés à l’identique dans différentes vidéos, créant des tendances, et sont associés à un contenu sémantique. Ce sont donc des objets qui ont subi un processus de figement. La spécificité des TikTok tient à la manière dont les créateurs de contenu s’approprient ces mèmes en les défigeant par des techniques mettant en œuvre la multimodalité.

Nous nous appuierons pour comprendre ces techniques sur deux trends TikTok, la première ayant été populaire en novembre 2022, et la seconde en mars et avril 2023. Les trends sur TikTok se développent selon un processus viral à la fois très rapide et très bref. En quelques jours, un mème peut apparaître dans un nombre important de vidéos, et disparaître la semaine suivante. Le premier trend associe deux sémioses mémétiques, un filtre et une chanson. Le second un extrait d’un entretien télévisuel d’Emmanuel Macron.   

            Les vidéos suivantes, dont nous avons reproduit une capture d’écran smartphone, utilisent comme mème sonore un extrait du refrain de la chanson « Psycho Killer » du groupe Talking Heads : « Psycho Killer / Qu'est-ce que c'est ? / Fa-fa-fa-fa, fa-fa-fa-fa-fa-fa, better / Run, run, run, run, run, run, run away, oh-oh-oh ». Le filtre associé représente un corps d’enfant sur un vélo qui pédale à vive allure dans un couloir pour tenter d’échapper à un homme armé d’une hache. Il s’agit d’une référence au film d’horreur britannico-étasunien The Shining du réalisateur Stanley Kubrick, sorti en 1980. Le filtre représente une scène du film, et le visage de l’acteur Jack Nicholson incarnant le personnage de Jack Torrance. Le filtre et le son apportent le même contenu sémantique figé : échapper difficilement à quelqu’un ou quelque chose. Le thème du « tueur fou », le genre de l’horreur et le registre de la peur s’explique par la proximité avec la fête d’Halloween.

            Nous allons observer deux réalisations faites à partir de cet ensemble mémétique. La première (fig. 1) a été réalisée par le député de la France Insoumise Louis Boyard, alors en conflit avec le présentateur Cyril Hanouna, après des échanges houleux lors d’une émission de Touche Pas à Mon Poste. La seconde a été réalisée par la youtubeuse Juju Fitcats, qui produit principalement un contenu dédié au fitness et à la musculation. Une même combinaison mémétique peut donc être utilisée dans des domaines assez différents.

 

 

Figure 1                                                             Figure 2

 

Figure 1 : captation d’une vidéo TikTok de Louis Boyard (11/11/2022)

Figure 2 : captation d’une vidéo TikTok de Juju Fitcats (12/11/2022)

 

 

L’acte de personnalisation de la vidéo est opéré par le défigement de la combinaison mémétique du filtre et de l’extrait de chanson. Le filtre prévoit de laisser apparaître le visage du créateur. Outre l’identification de l’identité du tiktokeur, les mimiques permettent un premier mouvement de défigement. Le filtre certes oriente le choix des mimiques, mais il demeure des possibilités pour le tiktokeur. Louis Boyard affiche ainsi un visage serein alors que Juju Fitcats, en serrant les lèvres et en ouvrant grand les yeux, montre un visage paniqué. Le deuxième mouvement de défigement est opéré par le texte incrusté sur la vidéo : « Cyril Hanouna qui pète un câble dès qu’on rappelle que son patron Bolloré a un procès avec 145 Camerounais pour déforestations et atteintes aux droits humains » (fig. 1), « Moi qui essaie d’échapper à la question : Alors c’est pour quand les enfants ? » (fig. 2). Ce texte est incrusté sur la vidéo à une position variable. Nous pourrions même identifier un troisième mouvement mémétique, par l’usage de patrons syntaxiques pour composer ces textes, en l’occurrence : Personne + proposition subordonnée relative. La personne peut-être la cible de la critique, « Cyril Hanouna », ou bien le tiktokeur, « Moi », et tisse des liens déictiques différents avec la vidéo. Sur la figure 1, un lien est tissé entre la personne nommée et le visage de Jack Torrance. Sur la figure 2, le visage de Jack Torrance est actualisé différemment. Il devient la représentation collective des personnes qui posent à la tiktokeuse la question « Alors c’est pour quand les enfants ? » La proposition subordonnée relative donne les raisons de la réaction mise en scène dans la vidéo. Figement et défigement sont donc étroitement mêlés, et illustrent bien la co-énonciation technologique à l’œuvre.

            La comparaison avec le parlécrit décrit par Jacques Anis vingt-cinq ans plus tôt demeure très pertinente. Dans le parlécrit, l’énonciateur-scripteur pallie par différents procédés comme l’usage d’émoticônes à l’absence de contact visuel, à l’absence de mimiques et de données prosodiques. Les outils de création de vidéo de TikTok offrent une large palette de possibilités technologiques. Les différentes sémioses, le texte, la musique, la voix, les mimiques, la vidéo, sont découplées pour être élaborées et personnalisées séparément, et rassemblées de manière intégrée dans une courte vidéo. Les différents mèmes ne servent alors pas seulement à inscrire la vidéo dans une tendance. Ils facilitent sa compréhension et évite une surcharge sémiotique. La reproduction virale des mèmes permet leur connaissance de la part des usagers de l’application, et la compréhension rapide du contenu sémantique qui leur est associé. Ils entrent alors dans une culture numérique partagée (Cardon, 2019 : 8). Leur déclinaison par les différents créateurs de contenu devient alors un jeu.

La seconde trend que nous allons analyser est composée d’un seul mème, extrait de l’entretien qu’a accordé Emmanuel Macron à TF1 le 22 mars 2023, après l’adoption de la réforme des retraites : « Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? Non. Est-ce que vous pensez que j’aurais pas pu faire comme tant avant moi mettre la poussière sous le tapis ? Oui, peut-être ! ». Cet exemple illustre la grande variabilité des sons qui peuvent devenir des mèmes sur TikTok. Ce son n’est donc pas natif de la plateforme. Sa trajectoire montre la manière dont la plateforme afforde, c’est-à-dire provoque l’action de transformation d’un son en mème par des outils technologiques relativement simples d’utilisation. La figure 3 reproduit la page correspondant au son devenu « mème », intitulé par TikTok « son original ». L’originalité de TikTok réside dans la possibilité d’utiliser le son de n'importe quelle vidéo de l’application pour créer une nouvelle vidéo. Il est également possible, comme le montre cette page, de visualiser toutes les vidéos qui utilisent le son. L’extrait d’entretien d’Emmanuel Macron a été mis en ligne sur l’application par la chaîne de télévision TF1, sur son compte TikTok « TF1 Info ». C’est par l’acte d’extraction simultané de la vidéo source et de l’utilisation au sein de nouvelles vidéos que le son devient un mème. Le contenu sémantique du mème s’apprécie par rapport à son utilisation qui constitue un acte de co-énonciation unique. Le défigement permet aussi une variation du sens du contenu figé, avec une richesse sémantique variable, et un rapport variable également au discours source. Prenons deux réalisations pour exemple.

 

   

Figure 3                                                                                                Figure 4                                                                                               Figure 5                                                                                               Figure 6

 

Figure 3 : mur des différentes vidéos Tik Tok utilisant le son extrait de l’entretien télévisé d’Emmanuel Macron

Figure 4-5 : captation d’une vidéo TikTok publicitaire de Keepcool (28/03/2023)

Figure 6 : captation d’une vidéo TikTok de Jo, prof de SVT (04/07/2023)

 

            Les figures 4 et 5 sont des captures d’écran d’une vidéo publicitaire pour les salles de musculation Keepcool. Le défigement est opéré par un texte incrusté au-dessus du visage de la tiktokeuse, et prend la forme d’un dialogue entre celle-ci et ses « potes » qui lui reprochent d’aller trop souvent à la salle de musculation. La construction multimodale est ici assez intéressante. Le mème sonore sert de réponse à la tiktokeuse. L’indication de type didascalique « Moi : » pointe vers son visage qui mime l’élocution d’Emmanuel Macron. C’est enfin le recours à un filtre grandissant le nez de la tiktokeuse (fig. 5) qui exprime l’interprétation donnée au mème sonore, et sert de chute narrative à la courte vidéo. Outre la multimodalité, cette vidéo exemplifie bien l’intégration des différentes sémioses qui, pour être réussie, doivent être combinées avec fluidité par les destinataires. Les chats, écrits de forum et de messageries instantanées posent le problème conversationnel de la pauvreté du canal écrit par rapport au canal oral, en face à face. La problématique est inverse avec TikTok. Les canaux sont multiples, le tiktokeur doit opérer une sélection de signes et penser leur combinaison multimodale. Sur la figure 6 nous pouvons observer une captation d’une autre vidéo utilisant le même son. Le tiktokeur est un enseignant de SVT en collège. La stratégie de défigement choisie est alors un peu différente. La réponse d’Emmanuel Macron est reproduite à l’écrit sur la vidéo, à la manière de sous-titres, mais complétée par des ajouts, ainsi que (C’est nous qui soulignons) « Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de vous mettre de mauvaises notes ? ». Afin de s’assurer d’une interprétation conforme aux intentions du co-énonciateur, un commentaire a été ajouté, qui se trouve sous le nom du tiktokeur, en bas de l’écran : « On préfère mettre de bonnes notes, si si ».

            Les possibilités techno-discursives permises par l’application TikTok permettent donc également des transferts entre les modalités, lesquels vont croissant à mesure que de nouvelles formes de créations apparaissent.

 

4. Pensée complexe et discours numérique

 

Dans un dernier mouvement, fort de notre travail d’analyse de l’intégration de la plurisémiocité sur TikTok, nous allons faire un retour sur les implications conceptuelles et épistémologiques de l’analyse. Pourquoi convoquer la pensée de la complexité de Morin pour analyser les discours numériques ? Les nouveaux territoires que constituent les discours numériques rejoignent selon nous les impératifs développés dans La Méthode, et en particulier le « refus d’une connaissance qui simplifie par réduction et disjonction » pour une démarche « relier les connaissances disjointes par la méthode de la simplification » (Fortin, 2000 : 10). A l’aune de l’application TikTok, les mouvements de jonction à opérer sont doubles. Le premier mouvement est intra-disciplinaire et le second transdisciplinaire. Le premier mouvement est un post-dualiste, le second un mouvement de reliance.

Le premier mouvement, comme nous l’avons esquissé dans la première partie de cet article, est post-dualiste et en cela s'enrichit d'une épistémologie morinienne de la complexité. Comme le rappelle Alfredo Pena-Vega, « selon Morin, il n'y a pas de référentiel souverain pour contrôler/vérifier la connaissance, mais de multiples référentiels, chacun nécessaire et chacun insuffisant, se renvoyant l'un à l'autre, et comportant chacun un principe d'incertitude. » (2011 : 91). Cela implique, non pas d’abandonner, mais de repenser un ensemble de relations conceptuelles binaires. Le parlécrit, et plus encore les nouvelles pratiques multimodales sur TikTok, provoquent des phénomènes d’interpénétration de l’oral et de l’écrit. Devenu « mème », l’oral n’est alors plus fugace. Il demeure. Il est répliqué à l’identique, comme le sont les citations et certaines formes de discours rapportés. Cet élargissement de la notion de « figement » rend  l’écrit plus contextuel dans les vidéos TikTok. L’écrit se rapporte alors au mème, le défige, le commente, l’interprète, et demeure dans une vidéo, alors que le discours oral circule. De plus, les vidéos TikTok donnent surtout à voir la complémentarité des modalités. Pour être comprise, une vidéo a besoin que chaque sémiose soit reliée aux autres sémioses. Les mimiques défigent et mime le mème, qui prend un sens nouveau avec la modalité textuelle inscrustée sur la vidéo, acte de personnalisation ultime. Il faut donc, pour comprendre l’efficacité de ces vidéos, adopter une nouvelle vision de l’action, composite, technologique, créée par et pour le réseau : « La vision de la communication duelle telle qu’elle apparaît dans le schéma de Saussure (1972) et représentée par l’image de deux têtes communicantes s’échangeant des messages linguistiques est largement questionnée pour ne pas dire dépassée lorsqu’on adopte une vision multimodale de l’action. » (Greco, 2018 : 173). Cela ne signifie pas que l’écrit est marginalisé. En effet, « [l]oin de détrôner l’écrit, les technologies numériques en multiplient et en complexifient les usages. » (Petit & Bouchardon, 2017 : 134) et TikTok montre plutôt une nouvelle instrumentalisation de l’écrit. L’opposition homme/machine appelle à être repensée par un décentrement du linguiste, qui intègre à l’analyse le rôle actif et agentif de la machine. Le linguiste ne doit plus alors seulement rechercher les traces d’énonciation humaine, mais considérer leur intégration avec la machine :  « la linguistique semble neutraliser la machine pour reverser l’ensemble de la responsabilité de création langagière sur l’humain ; d’où une perspective logocentrée qui retombe sur ses pieds saussuriens, respectant le dualisme qui distingue le linguistique de l’extralinguistique » (Paveau, 2017 : 10). L’algorithme est un bon exemple de ce nécessaire décentrement. L’algorithme influence la création de contenu tout en étant influencé par la popularité des nouveaux contenus créés.

Le second mouvement est un mouvement de reliance et entre les disciplines, leur vision du monde et leurs systèmes de connaissance, et interroge la transdisciplinarité des humanités numériques. La notion de « reliance », comme le rappelle Jérémi Sauvage et Déborah Nourrit, a été « développée par Morin dans sa pensée complexe et [est] issue des réflexions collectives de la fin des années 1970 menées par Bolle de Bal (2003) » (Sauvage & Nourrit, 2022 : 8). Nous souhaitons convoquer cette notion de « reliance » pour traiter d’une dernière notion souvent utilisée dans l’analyse du discours numérique, l’« écran ». Interroger l’usage de cette notion est d’autant plus important qu’elle est très largement utilisée aujourd’hui par tout un chacun, et souvent objet de débat dans l’espace public, devenue en quelque sorte le symbole de la numérisation de la société, de ses potentialités et de ses dangers. Dès l’introduction de cette notion dans les sciences du langage pourtant, c’est plutôt comme une métamorphose que comme une rupture que la notion « d’écrit d’écran » était envisagée (Souchier, 1996). Or, paradoxalement, la réflexion sur l’écran est souvent secondaire dans l’analyse du discours numérique. Il nous semble ici qu’il s’agit d’un biais disciplinaire, l’écran étant seulement considéré comme le support technique de l’écriture et du discours numérique. C’est négliger sans doute ce qu’Anne-Marie Christin nomme la « pensée de l’écran » (Christin, 2012 : 11), rappelant que cette pensée a précédé l’écriture elle-même chez l’homo sapiens. Le mot « écran », en devenant commun, est devenu transparent. Des grottes de Pech-Merie et Lascaux à TikTok, cette notion est pourtant centrale pour comprendre ce qui se joue anthropologiquement. Avant l’invention de l’écriture, concevoir une surface rocheuse comme pouvant être continue a été un geste cognitif fondamental pour y représenter des formes. Créer une vidéo Tik Tok implique aussi une conceptualisation de cette notion d’écran, laquelle peut désormais, exceptée le contact physique, représenter et user de l’ensemble des modalités de la communication humaine.

 

5. Conclusion

 

Tik Tok donne à voir un agencement multimodal qui se singularise par une utilisation stratégique de différentes sémioses : voix, musique, mimique, texte, filtre et animation. La co-énonciation permet un renouvellement de la création et de l’usage des mèmes, et en particulier des mèmes sonores, dont la personnalisation par le défigement use pleinement des potentialités de la multimodalité. Conséquence de ces affordances, il est fréquent d’y rencontrer des transferts entre les modalités. L’analyse des vidéos de Tik Tok permet donc de renouveler l’approche initial de Jacques Anis et du parlécrit, et d’envisager de nouvelles relations notionnelles post-dualistes. Les différentes sémioses affichent leur complémentarité, et prennent appui sur le fonctionnement mémétique de l’application pour faciliter la compréhension des vidéos, et accroitre leur impact sur le public. Refusant la simplification de l’analyse de cet objet pour au contraire opérer des jonctions entre différents champs des sciences du langage, mais aussi des jonctions entre l’analyse des discours numériques et l’anthropologie, par le truchement du concept de « pensée de l’écran », nous avons aussi essayé de montrer la vitalité de la méthode de la complexité d’Edgar Morin, et son actualité dans les domaines les plus récents de la linguistique.

 

Bibliographie

 

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