1. Introduction
De un golpe, en unos minutos, rompimos el cordón umbilical que nos unía a veinte generaciones: con los muebles que habían sido de nuestros abuelos, con el paisaje familiar que acompañara el despertar a la vida de nuestros padres; con los juguetes con que habíamos jugado nosotros y jugaban todavía nuestros hijos, perdimos quizá para siempre el derecho de ser hijos de alguna parte. Porque el día que regresemos a España, seremos ya extranjeros en ella, marcados y diferenciados por la huella terrible de todo lo vivido (Montseny, 1977 : 22).
Lors des Olympiades de 431 av. J.-C., Euripide a présenté la tragédie Médée. La démocratie athénienne, qui avait constitué l'un des moments les plus extraordinaires du monde classique, a été condamnée. Avec la ligue dirigée par Sparte aux portes de l'Attique, la guerre du Péloponnèse commençait, marquant la fin de la période démocratique et de l'hégémonie d'Athènes sur les territoires de l'Hellade. La Médée d'Euripide, poète de « l'agonie gigantesque du monde », pour reprendre les mots d'Edith Hamilton, exprime cette inquiétude face à la défaite politique à travers un personnage mythique qui représente l'envers de la citoyenneté, fondement des polis grecs : la condition de l'apatride, de l'étranger. Médée, l'héroïne, incarne l'exil dans son expression tragique la plus intense :
Terre ancestrale, maison des miens, que jamais je ne sois proscrite et ne mène une vie amère et sans issue, le plus pénible des maux. Que la mort, que la mort me prenne avant que n'arrive la fin de mes jours ; aucune douleur n'est pire que la perte de la patrie. (Euripide, traduction de l’auteure).
Ces vers du monologue de Médée expriment la douleur intolérable de sa condition, et lorsqu'on écrit sur l'exil et la souffrance humaine, ils nous viennent rapidement à l'esprit pour leur valeur anthropologique et psychologique universelle.
Pour les personnes qui ont dû quitter le pays en 1939, l'exil a également représenté une rupture biographique d'une telle ampleur, indélébile et déterminante, qu'elle a marqué le reste de leur vie. Une rupture qui symbolisait la perte de leur propre identité, leur refusant la possibilité de choisir, de fixer des objectifs futurs, de définir un projet de vie et d'agir en conséquence. Une rupture, en définitive, qui a inévitablement transformé cette diaspora républicaine et tout ce qui s'ensuivit en l'une des formes de répression directe les plus dures, traumatisantes et percutantes contre l'individu.
2. « Autant d'exils que d'exilés. L'exil en tant que rupture profonde et les réseaux de solidarité et de soutien mutuel en tant que salut. Le cas du camp d’Agde »
Pour les personnes qui ont emprunté le chemin de l'exil en 1939, les passages frontaliers franco-espagnols sont devenus une rupture totale et absolue avec tout ce qu'ils laissaient derrière eux. Cet « espace de transit » s'est transformé en un court laps de temps en symbole de rupture inexorable, de fuite, avec des moments de changement, de risque, de douleur, de désorganisation et surtout d'inconnu (Martínez-Sánchez, 2003: 266-267).
Le récit de Federica Montseny offre un regard personnel, sensible et dramatique. Elle traverse la frontière avec des milliers de réfugiés, accompagnée d'un fils de quelques mois, d'une fille de cinq ans et d'une mère mourante. Le désespoir face à la maladie, au froid ou au manque de nourriture est partagé par tous les déplacés.
El drama vivido por mí y por mi familia se repite al infinito, multiplicado, como ya dije, por miles de otras vidas. No sufrimos ni más ni menos de lo que han sufrido, en esos espantosos años de lucha y de exilio, millares de seres, en España y fuera de ella.
En otras ocasiones ya he dicho que si todos los que nos vimos envueltos en esa catástrofe narrásemos nuestra vida, la aventura patética y extraordinaria de nuestras existencias, se recogería un documento histórico de capital importancia, de valor incalculable, que superaría a cuanto la imaginación más exuberante hubiese podido elucubrar en horas de exaltación o de insomnio. Nos tocó vivir unos años trágicos, un momento de la Historia, en que los valores más grandes y más excelsos del ser humano fueron sumergidos bajo una ola de barbarie jamás vista hasta esas fechas. (Montseny, 1977 : 235).
Avec le passage de la frontière et l'internement dans les camps de concentration du sud de la France, un univers inconnu et traumatisant s'est ouvert pour ces réfugiés. Les égo-documents de l'époque révèlent que cette rupture a ouvert des blessures, difficilement guérissables, qui ont directement affecté leur sentiment d'identité et d'identification personnelle, marquant un avant et un après indélébiles.
C'est dans ce contexte que je souhaite accorder une attention particulière à la survie dans les camps de concentration, en me focalisant sur la vie quotidienne des républicains espagnols, et surtout des Catalans internés au camp d'Agde. Ce camp présentait une caractéristique particulière : la haute concentration d'hommes d'origine catalane dans une seule enceinte, le camp numéro 3, également appelé « camp des Catalans ». Malgré un contexte de vie extrêmement précaire, pour les réfugiés catalans, le fait d'être regroupés avec une majorité de compatriotes parlant la même langue, de pouvoir s'identifier à un collectif, a favorisé l'articulation d'un réseau de solidarité et d'action communautaire. Cette dynamique a permis une plus grande capacité de résistance face aux expériences et aux adversités de la vie quotidienne dans le camp, contrairement aux hommes qui les ont vécues dans l'individualité, privés de ces mécanismes de soutien.
Le camp a progressivement mais définitivement subi un processus de catalanisation, le distinguant des autres camps du système concentrationnaire français. Comme l'a exprimé l'ancien Ministre régional de la culture de la Generalitat de Catalunya, Carles Pi i Sunyer, une « entité propre » avait été donnée à ce camp.[1] En ce sens, le poète Agustí Bartra, environ un mois plus tard, en juin 1939, soulignait dans une lettre adressée au même Pi i Sunyer une idée qui synthétise très clairement le sentiment récurrent dans les lettres et mémoires envoyées depuis le camp par les réfugiés catalans :
En realitat aquest camp és una petita Catalunya fora de Catalunya. Es té escassament el sentiment d’ésser-ne fora, ja que els contactes amb els francesos són ben rars i la vida diària es produeix normalment dins d’un clima catalaníssim. Tots els rètols dels carrers de barraques són en català (carrer de Pau Casals, carrer de Rafael de Casanovas, avinguda de Pi i Maragall, etc.).[2]
Le sentiment d'appartenance au collectif catalan en exil a été d'une grande importance pour les réfugiés du camp d'Agde. D'après leurs lettres et mémoires, on peut déduire que les Catalans regroupés dans ce camp se considéraient comme des « privilégiés », ce qui les réconfortait et rendait leur réclusion plus « supportable ». La déshumanisation qui menaçait chaque interné pouvait être combattue par ce que José María Naharro-Calderón a appelé « les droits de concentration ». En plus de faire référence aux divisions nationales ou à l'adhésion politique à un parti, cela conférait à cette union identitaire, « nationale » et à ce réseau de solidarité, une plus grande capacité de résistance face aux expériences et aux adversités quotidiennes, contrairement à ceux qui vivaient ces situations dans l'individualité, sans ce réseau d'action collective autour d'eux (Naharro-Calderón, 2017 : 82). Ils étaient ensemble dans un pays étranger, avec une langue inconnue pour la majorité, où la symbolique délibérément maintenue par eux, comme la langue catalane, les hymnes et les références nationales, était cruciale dans le processus de catalanisation absolue que le camp d'Agde a vécu, le rendant singulier et différent des autres camps du système concentrationnaire français.
Le terme « identité » a été utilisé dans tant de domaines de connaissance qu'il est difficile d'en définir précisément les caractéristiques et de les appliquer à notre cas (Brubakers, 2001: 66-85). À cet égard, des psychologues comme Anna Miñarro et Teresa Morandi opposent, dans leurs études sur l'impact de l'exil depuis la psychologie et la psychanalyse, deux termes souvent confondus et utilisés indifféremment : identité et identification. Elles nuancent la signification de chacun et exposent quelques exemples d’ « identification avec... » : « Je me sens catalan en France..., je sens que je fais partie des réfugiés espagnols en France »; les exilés s'identifient à un ensemble de personnes dans le même contexte et la même situation qu'eux. L'identité, en revanche, fait partie du tissu vivant de l'individu, qui se reconstruit et se forge continuellement, « chacun à sa manière... » (Miñarro & Morandi, 2009: 10). La formation de cette « nouvelle identité du Moi » est largement influencée par des facteurs familiaux et sociaux, ainsi que par :
- Les facteurs culturels et ethniques déjà acquis par chaque individu.
- Les facteurs singuliers déterminés individuellement : chaque individu a les siens (influencés par son environnement familial et social le plus direct) ; la création de sa conscience morale. Une conjoncture historique particulière influence également directement l'individu.
- Les valeurs morales, religieuses... socio-culturelles de la société d'accueil, ce que l'on peut appeler : le nouveau milieu social. La « nouvelle quotidienneté » qu'il faut d'abord connaître pour s'y assimiler ensuite (Guinsberg, 2005 : 168).
- Le niveau de cohésion entre les membres d'un groupe et le sentiment d'appartenance à ce groupe.
- Et la langue, dans ce cas la langue catalane, est décisive en tant que principal trait déterminant de cette identité en exil.
Prendre en compte ces facteurs qui déterminent et façonnent l'identité individuelle, ainsi que l'importance de la subjectivité des expériences dans les camps et en exil en général, signifie qu'il existe autant d'exils que de personnes ayant vécu ces situations, chacune avec son propre vécu.
Selon Rogers Brubaker, certains de ces facteurs, tels que la langue, le sentiment d'appartenance à un groupe et son niveau de cohésion, confèrent à l'identité de l'individu une profonde conscience de groupe. Cette similitude peut être perçue de manière objective (comme une similarité « en soi ») ou de manière subjective, comme dans le cas qui nous intéresse, une similitude expérimentée ou perçue, souvent manifestée sous forme de solidarité ou d'un sentiment d'action collective avec d'autres membres de ce groupe commun (Brubakers, 2001: 66-85).
Et dans ce sens, Miñarro et Morandi ajoutent que cette identité partagée entre les internés s'articule en grande partie comme un contrepoids à la rupture, au déracinement et à la séparation que représente l'exil, qu'ils décrivent comme : « l'une des pires formes de répression, un choc, une perte traumatique des racines identitaires de l'individu et du collectif, qui les marque pour le reste de leur vie » (Miñarro & Morandi, 2009: 83). La rupture pour les exilés qui ont fui vers la France a été dure, douloureuse et empreinte de douleur, car ces hommes et ces femmes ne partaient pas « volontairement » à la recherche d'un avenir meilleur, mais fuyaient, chassés de chez eux, de leur village, de leur ville, poussés par l'avancée de la Guerre Civile, par les bombardements et les attaques de l'armée franquiste. Selon Leon et Rebeca Grinberg, ces individus éprouvent un sentiment d'impuissance qui pourrait être similaire, par leur rupture et leur séparation, au traumatisme de la naissance et à la perte de la mère protectrice. Les liens qu'ils entretenaient ont été rompus, on les a arrachés à leurs espaces familiers et de confiance et en même temps, on les considère comme des étrangers dans le pays d'accueil, pouvant subir discriminations et humiliations pour la simple raison d'être là (Grinberg & Grinberg, 1996: 13).
Ceux qui avaient laissé leur famille ou une partie d'entre elle chez eux, portaient en même temps la culpabilité envers ceux restés derrière eux, ceux qui n’avaient pas pu fuir, dans l'incertitude de quand ils pourraient les retrouver et quel destin les attendait sous le régime de Franco. Avec l'exil et la fuite en France, un tournant s’est produit dans la vie des personnes qui a volé en éclats, une forme directe de répression extrêmement dure contre la personne (Miñarro, 2010: 19-29). Ils ne savent pas ce qui va se passer, on pourrait décrire cela comme : « l'incertitude du lendemain dans un pays totalement inconnu ». Une idée que le philologue catalan Pompeu Fabra reflète dans une conversation avec sa femme et que sa fille Carola transcrit. Il savait seulement qu'ils partaient en exil et qu'ils ne reviendraient pas, va-t-il fait remarquer à sa femme dans un bref dialogue :
No us feu il·lusions perquè nosaltres no tornarem. Ara, les nostres filles, no ho sé. Nosaltres –li deia a la meva mare– no tornarem”.[3] I la meva mare deia: Quines sortides que fem! No sortim mai de casa i ara hem d’anar com uns captaires! El meu pare sols li responia: Mira, el que hem de fer és callar i aguantar el tipus, perquè no hi ha res a fer. No protestis ni facis res...» (Piñol, 1991 : 61).
Miñarro et Morandi, dans leurs travaux, analysent les expériences de vie de certains témoins républicains espagnols passés par les camps français ainsi que de certains survivants des camps d'extermination nazis. L'idée qui revient constamment est l'importance qu'ils accordent à la cohésion du groupe, au sentiment d'appartenance et d'identification avec les individus composant ce collectif. Selon elles, les internés qui ont accepté leur situation comme une réalité inévitable, en tentant de s'adapter et en tissant quelques connaissances et des liens d’amitié, ont pu supporter l'internement dans de meilleures conditions psychologiques, la résistance et le réseau de solidarité dont parlait Naharro-Calderón. On pouvait observer chez ces personnes une timidité de solidarité au départ, une confiance, une amitié et un intérêt pour d'autres réfugiés qui, comme eux, se trouvaient dans le même espace. Ils s'identifiaient à l'autre personne ou groupe de personnes et à leur souffrance, ce qui leur permettait en même temps de mieux supporter la leur. Cette identification et cette préoccupation pour les autres devaient être ambivalentes, car leurs compagnons de baraque, avec qui ils partageaient des moments de distraction et d'autres plus difficiles, à qui ils avaient donné une aspirine ou un morceau de pain ou de café parce qu'il était malade, pouvaient disparaître soudainement parce qu'ils avaient été envoyés dans le terrible château de Collioure, mourir, s'enrôler dans les Compagnies de Travailleurs Étrangers ou dans la Légion Étrangère, retourner en Espagne ou partir en bateau vers l'Amérique (Miñarro, 2012: 33-41).
Dans le « camp des Catalans » d'Agde, ce sentiment d'appartenance et d'identification en tant que catalans dans le camp a été déterminant, et nous avons des exemples à travers les égo-documents qui nous permettent de saisir, même par petites touches, les « sentiments ou l'état d'esprit » du moment où le document a été écrit, contemporain dans le cas des lettres et postérieur dans celui des mémoires. Comme Agustí Bartra, après être passé par le camp d'Argelès et avant d'arriver à celui d'Agde, se réconfortait d'avoir trouvé d'autres exilés catalans :
Ací la vida va lliscant, lenta i monòtona. En general tots els catalans estan satisfets de trobar-se en aquest camp junts. Les condicions d’existència —o millor, de subsistència— són superiors a les dels altres camps, si bé el cansament de la gent s’accentua, després de tres mesos de lleure forçat. Els primers dies d’estada ací s’entretenien fent-se tauletes, prestatges, taulers, etc. i passejant molt. Totes les nits es canta en totes les barraques. A la nostra, àdhuc es canta ja una cançó rossellonesa.[4]
Joan Manresa, quelques années après être sorti du camp, a écrit dans le journal L'Emigrant au sujet des Catalans dans le camp, qu'il appelait :
El conjunt, una àmplia comunitat [...] ageguts damunt la palla bruta de les barraques d’Agde, recordàvem, més que les odioses hores de la brutalitat feixista, de bombardeigs criminals i d’angoixa de temps de guerra, les glòries i la joia de Catalunya dels temps de pau. [...] Els carrers i carrerons i places de Barcelona, els concerts al Liceu, els del Palau de la Música Catalana i els de Belles Arts.[5]
L'importance du concept de communauté souligné par Manresa est essentielle pour tisser le réseau de solidarité que nous avons mentionné précédemment, et rendre les expériences et la dureté de l'exil et des camps plus supportables. Cependant, l'expérience de l'exil était inévitablement vécue individuellement par chacune des personnes qui avaient traversé la frontière vers la France, et les traumatismes et le désespoir dans la vie quotidienne sont devenus insupportables dans certains cas.
Pere Vives, initialement interné dans le camp d'Argelès avant d'arriver à Agde, exprimait son abattement et sa nostalgie pour ses sœurs le 31 octobre 1939 avec ces mots :
Tenéis toda la razón en quejaros que no os escribo. Prometo escribir con más frecuencia que hasta ahora. Puede que algún día os escriba una carta. Ahora no sé. Parece como si os hubiera olvidado. Lo parece solo. Hablo mucho de vosotras con los amigos. Y cuando hablo es como si ese pasado inexplicable se me hiciera de golpe demasiado grande para mi corazón y no me cupiera en él. De momento prefiero deciros que estoy bien y que pienso mucho en vosotras. Algún día mi corazón se pondrá a gritar y os escribiré. Ahora no hay más que silencio y una tranquilidad podrida (Vives i Clavé, 1972 : 61).
Aussi dans les mémoires de Juan Moreu Estrada peut-on lire comment la nostalgie, la captivité forcée, les humiliations, les représailles, la monotonie du quotidien, l'incertitude sur la durée de leur séjour au camp... étaient très présentes dans la vie des internés. Il se plaignait de:
Hem deixat el camp horrorós [en référence à celui de Saint-Cyprien], per anar a tancar-nos en un altre més ben acomodat, és cert, però igualment monòton i trist, doncs la inactivitat fa que les jornades semblin segles... (Moreu, 2017 : 122).
La construction d'un espace social à l'intérieur du camp et des baraques est devenue une nécessité, ce que Juan Carlos Pérez Guerrero considère comme les stratégies et tactiques de « la résistance passive » en confrontation avec la monotonie du quotidien au camp. Passive, mais offrant des outils aux internés pour survivre non seulement à l'inactivité physique, mais leur permettant également de transformer l'espace transitoire, dans ce cas le camp, en un espace « habitable, vivable » pour contrer la perte de moral et d'anxiété (Pérez, 2008: 58).
3. « La sortie des camps. La peur du déracinement à jamais »
Mais ces camps de concentration français, où se trouvaient la plupart des Espagnols, ne pouvaient être qu'une situation transitoire. Selon le rapport présenté par la Commission des Finances le 9 mars 1939 à la Chambre des Députés, le gouvernement français avait principalement trois options devant le problème des réfugiés espagnols : le retour en Espagne, l'émigration vers l'Amérique du Sud ou "profiter" d'une minorité, non plus en tant que réfugiés, mais en tant que main-d'œuvre. La grande priorité des autorités françaises, et où elles ont déployé le plus d'efforts pour encourager les réfugiés et faciliter la procédure, a été le rapatriement vers l'Espagne franquiste, car elles ont toujours considéré l'accueil des réfugiés espagnols comme provisoire (Dreyfus-Armand, 1999: 72).
Depuis la Retirada et jusqu'à l'occupation d'une partie de la France par l'armée nazie, les mouvements des réfugiés dans l'ensemble des camps du système concentrationnaire français sont variables et complexes : transferts d'internés entre les camps, retours en Espagne, émigration vers l'Amérique (principalement les réfugiés disposant de moyens économiques et de relations personnelles leur permettant d'entreprendre le voyage) et, pour ceux qui ne pouvaient ni partir en Amérique ni se permettre de retourner en Espagne franquiste en raison des graves conséquences que cela entraînerait, la sortie des camps par le biais des Compagnies de Travailleurs Étrangers a été l'option choisie majoritairement pour mettre fin aux mois de réclusion. L'enrôlement dans la Légion étrangère ou dans les Régiments de Marche de Volontaires Étrangers a également absorbé un certain nombre de réfugiés qui se sont engagés dans ces unités militarisées pour sortir des camps.
Cependant, concentrons-nous sur les réémigrations vers l'Amérique. Pour beaucoup des réfugiés espagnols enfermés dans les camps de concentration français, l'option préférée, bien que non majoritaire, pour sortir de l'univers concentrationnaire était l'émigration en Amérique du Sud. Le gouvernement français était également intéressé par cette issue, mais les premiers efforts pour la concrétiser n'ont pas donné les résultats immédiats escomptés. Les émigrations ont été, en général, assez modestes. La Commission des Finances de la Chambre des Députés, lors de sa session du 14 mars 1939 lors du débat sur les réfugiés espagnols, a informé que :
Un certain pays qui admet chaque année l'immigration d'un certain nombre - par ailleurs très faible - de réfugiés espagnols, n'a pas voulu augmenter ce nombre, même d'un seul, malgré les circonstances réellement exceptionnelles et même tragiques existantes. Un autre pays a exprimé sa disposition à recevoir un groupe d'Espagnols, à condition qu'ils soient de certaine région, profession et religion, et à condition que le transport soit payé. Un troisième a offert, faute d'hébergement, une contribution financière qui ne correspond même pas à ce que nous dépensons en une journée (Pla, 2000: 95).
Il est possible d'interpréter que le premier pays mentionné par la Commission était le Mexique, le deuxième le Chili ou la République dominicaine, et le troisième l'Union soviétique. Cependant, sans plus de contexte, il est difficile de confirmer avec certitude les pays exacts auxquels la Commission faisait référence.
La peur du déracinement et de l'incertitude quant à leur avenir dans ces nouveaux pays d'accueil était intense et généralisée. Ils avaient laissé derrière eux trois années de guerre civile, un long exode vers la France, le pays qui les avait pour la plupart accueillis dans des camps de concentration aux conditions de survie déplorables. Ce « passage de la frontière », plus que jamais, représentait un espace générateur de souvenirs et en même temps d'oublis. L'incertitude et les doutes quant à savoir si la meilleure option de vie pour eux était de traverser l'Atlantique se répétaient à chaque fois dans leurs lettres et leurs mémoires. Pere Vives décrivait ces incertitudes à Agustí Bartra depuis le camp de Saint-Cyprien le 14 décembre 1939 :
Potser tu de París estant ho veus d’una altra manera. Per mi em sembla tan miraculós això d’anar a Amèrica que no hi crec gaire. Hi crec com quan era infant creia en el cel [...].
M’han tornat a venir unes ganes boges d’anar a Amèrica. Punt de convergència de dos desigs que han anat madurant dintre meu. Les ganes de fugir d’aquesta Europa enfollida, de tota aquesta bestialitat desfrenada i del desig de veure gent i terres noves. Aquests darrers temps havia amanyagat la il·lusió de tornar a casa, a Catalunya. Ja sé que és una il·lusió de derrotat, però el neguit furiós d’anar net, de no haver de rentar la roba, em va fer donar crèdit a una carta de casa.
No podré deixar mai de creure en la meva terra, i aquesta fe no em deixarà, vagi on vagi. Em penso que és massa tard i les arrels són massa pregones perquè valgui la pena de pensar en un possible perill de desarrelament. Però com la carta de casa, la teva, m’ha fet venir ganes d’anar a Amèrica. Les ganes de tornar a casa i les d’anar a Amèrica coexisteixen en mi fa temps (Vives i Clavé, 1972 : 45).
Pour beaucoup des réfugiés qui décidaient d'entreprendre le voyage et avaient la chance de figurer sur l'une des listes d'embarquement, une fois qu'ils traversaient l'Atlantique, l'éloignement physique ainsi que la rupture émotionnelle et psychologique avec leur pays d'origine devenaient plus évidents, plus douloureux dans de nombreux cas. En effet, d'après leurs lettres et leurs mémoires, beaucoup de ces réfugiés étaient conscients, au fond d'eux-mêmes, qu'ils partaient pour ne jamais revenir. L'idée d'un éventuel retour, qui avait été présente pendant leur exil en France, principalement en raison de la proximité géographique –de nombreuses références depuis les camps sur la plage faisaient allusion au Canigou comme une figure récurrente pour sa proximité avec la Catalogne –, leur procurait du réconfort et de l'espoir d'un exil de courte durée, sachant qu'ils étaient proches et pourraient revenir bientôt.
Le journal El Poble Català mentionnait également la grande importance que cette montagne avait pour les internés (Rovira i Virgili, 1989: 64-65).[6] Dans un article écrit depuis le camp de Saint-Cyprien, elle est décrite comme :
En aquestes hores de dolor apartats de la terra pàtria, els homes de cor treballen malgrat les filferrades i la sorra, i les barraques de fusta, els ulls fits ens les muntanyes, aquestes muntanyes blaves del Canigó i el cor a la terra tan estimada i és així com fem pàtria, malgrat tot, i és així, com molt bé diu la sardana, que Catalunya viu ![7]
Des phrases comme «l'impossibilité de retourner dans notre chère Catalogne», «notre patrie bien-aimée», «notre terre regrettée», «nous n'oublierons jamais la terre qu'ils nous ont forcés à quitter», «nous espérons qu'un jour nous pourrons retourner», «notre devoir est de rester en exil jusqu'à ce que nous puissions rentrer chez nous avec dignité», entre autres, apparaissent de manière continue dans les lettres envoyées depuis les camps[8] à des personnes qui, en raison de leur position, pouvaient les aider à en sortir, ou du moins, à améliorer leur vie en tant que détenus, un exemple évident étant les lettres reçues par le ministre régional, Carles Pi i Sunyer en exil (Arañó & Garcia, 2020: 307-332).
Coloma Feliubadaló, dans une lettre envoyée depuis Sète le 19 juillet 1939, transmettait ainsi à ce membre du gouvernement catalan ses doutes et ses craintes à propos de quitter l'Europe :
Farem bé el meu marit i jo, junt amb els fills, de marxar a Mèxic? Fa tanta pena allunyar-se de la terra que un tant estima! Cap país del món em sembla tan bonic com la nostra Catalunya. Però si restem ací el que farem és morir-se de mica en mica. Un consell vostre, amic! De vós, per a mi tindrà un gran valor.[9]
En revanche, il convient de souligner que l'émigration vers l'Amérique du Sud a été l'une des options auxquelles les réfugiés enfermés dans les camps ont pu recourir, et ceux qui ont pu y émigrer l'ont vécue ainsi. L'écrivain Lluís Ferran de Pol décrit dans ses mémoires le départ du port de Sète le 23 mai 1939 à bord du navire Sinaia en direction de Porto Rico et de Veracruz, où il est arrivé le 13 juin. Un sentiment d'espoir, de renaissance, de « nouvelle vie », mais sans oublier ce qu'ils avaient dû laisser derrière eux en France, mais aussi ce qu'ils avaient perdu depuis leur point de départ:
Ja som a port. Mai la frase no ha tingut més relleu, per a mi. Sí, hem arribat a port segur, després d'uns quants mesos desesperats. És cert, encara caminem entre soldats, però no és igual que uns soldats t'acompanyin —o t'empenyin— a la captivitat o que acordonin el camí que et porta a la llibertat. Tant de bo que per a tots els milers i milers d'internats hagués sonat aquesta hora. Ells resten als sorrals, a la fam, a la submissió: quin destí els espera?...
A poc a poc, el mar s'empassa el senyal del nostre pas. Ja no veiem Sète, només una massa muntanyosa. I, encara amb Valéry, ens diem: Le vent se lève... Il faut tenter de vivre!
Provar de viure, prou: però encara som davant les costes on uns quants noms de poble evoquen la nostra derrota: Cotlliure, Sant Cebrià, Argelers, el Barcarès... En els seus camps de concentració jeu una joventut malaguanyada. I amb una mica de vergonya, feliç i emmelangit alhora, em dic que sí, que el vent s'alça i que bé cal provar de viure... Però sense oblidar que, anem allà on anem, serem per sempre, els fills d'una derrota... (Ferran de Pol, 2009: 100-106).
Sentiment d’espoir, de renaissance, de « nouvelle vie », mais sans oublier ce qu'ils avaient dû laisser derrière eux en France, mais aussi ce qu'ils avaient perdu depuis à partir de son départ avec la Retirada. Dans le même sens, Artur Bladé i Desumbila décrivait dans ses mémoires cet espoir américain comme une « solution » au long séjour des réfugiés républicains entre les barbelés:
Molts, la immensa majoria [des exilés], dels qui resten només tenen una esperança: que les organitzacions polítiques i sindicals a les quals pertanyen, els treguin dels camps i els facilitin un passatge per embarcar a Mèxic –o cap a on sigui. El cas és sortir de l’infern en què es troben, un infern que, pel que expliquen, només s’aguanta en funció del nombre i del mutu encoratjament i, en darrer terme, per l’esperança d’embarcar. Dos vaixells –el Sinaia i l’Ipanema– han transportat ja a Mèxic uns tres milers de refugiats arrencats, com qui diu, dels horribles camps filferrats (Bladé i Desumvila, 2007 : 231).
De la même façon, Josep Bartolí, qui a pu émigrer au Mexique, dans certains de ses dessins, transmettait l'espoir d'un avenir meilleur lors des voyages vers l'Amérique pour sortir des camps, soulignant : «¡Sed Fuertes! ¡No os vencerán! Detrás del mar, junto a la luz, está la libertad» (Bartolí & Molins, 1944 : 67).
Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et une fois que certains de ces réfugiés, une poignée d’entre eux, ont pu embarquer pour l'Amérique du Sud, l'idée d'un retour possible en Catalogne dans un avenir proche s'est finalement évanouie. Le fait de traverser l'Atlantique les impressionnait non seulement territorialement mais aussi psychologiquement, le nombre de jours de voyage à bord des navires les menant en Amérique les éloignait de leurs espoirs de retour. Ramon Frontera était très clair, il préférait ne pas avoir à traverser l'océan en raison de la possibilité de ne pas revenir des terres américaines:
És veritablement agradable veure que encara hi ha persones que tenen sensibilitat i senten el goig de l’agraïment, en resum, em diu que ja fa gestions per a assolir l’autorització d’entrada a l’Argentina, oferint-me la seva casa i demanant-me dades personals per aquestes gestions que realitza. Com que tot això és lent de tramitació, penso enviar-li per si arribés el moment, d’utilitzar-ho, encara que com podeu suposar, el tenir que passar l’Atlàntic és cosa que fa pensar i millor que fos possible evitar-ho, ja que el difícil no és pas el fet d’anar-hi, sinó la seguretat de què tindràs assegurat el retorn, doncs hem de suposar que un dia o altre, a prop o llunyà, tornarem amb dignitat a Catalunya.[10]
Ainsi, nous pouvons penser que le sentiment de Frontera et de tant d'autres était fondé sur la notion de « retour » comme un concept indissociable de l'expérience vécue en exil. Ce que Florence Guilhem a appelé « l'obsession du retour » (Guilhem, 2005), le souvenir de la Catalogne, de la nation, qu'ils ont laissée derrière eux en partant, est idéalisé par les souvenirs des années passées ; cette idée du retour est idéalisée et façonnée selon chaque individu, étant intrinsèquement liée à l'exil lui-même (Aznar, 1999: 51-68). De même, Remei Oliva souligne que :
Algunos que tendrían relaciones con políticos del exterior, pudieron salir para América, entre los miles que se habían apuntado. Fue a primeros de septiembre. Sólo lo supimos unos días antes de la salida y nos entristecimos. ¡Cuánto les envidiábamos! En realidad, no queríamos dejar Francia para irnos a América. Estábamos convencidos de que Franco no aguantaría mucho tiempo; estando en Francia nos sentíamos cerca de España (Oliva, 2006 : 69).
Autrement dit, l'idée d'un « retour proche» car le régime franquiste ne durerait pas longtemps, fait que certains réfugiés, comme Oliva, n’envisagent pas l'embarquement. Ils restent en France car de cette manière, le retour sera plus simple et plus rapide, ce qui est une conception que l'on retrouve à plusieurs reprises dans bon nombre d'égo-documents. De même, nous pouvons lire dans les lettres du musicien Pau Casals à Jaume Creus, le 20 mars 1948, écrites depuis son exil à Prades : «[...] Que la seva salut sigui bona. Cal que quan arribem a casa[11] ens presentem de manera a no fer llàstima a ningú. Molts s’alegrarien de veure’ns vells i malmesos».[12]
Contrairement à ces exilés, nous trouvons également de nombreuses références aux exilés qui partent et arrivent en Amérique. Beaucoup d'entre eux prévoient que ce sera un exil permanent ou qu'ils auront beaucoup de difficultés à revenir, croyant profondément qu'ils mourront loin de chez eux. August Pi i Sunyer, dans une lettre à son frère Carles depuis Caracas le 3 mai 1942, se lamentait :
Nosaltres enyorant sempre i més «el mite» de Roses.[13] Però no s'hi pot fer res damunt dels impulsos afectius, emocionals... Qui pogués ésser-hi, menjant sardineta i jugant al dominó. Ja veus que les aspiracions no poden ésser més modestes...[14]
Et 24 juillet, dans une autre lettre, il ajoutait :
Que la Carmen [en référence à Carmen Cuberta, épouse de Carles Pi i Sunyer] es cuidi i cuideu-vos tots. El que em fa més pànic és pensar que pogués deixar els ossos per aquestes terres, que no pogués tornar a morir tranquil·lament a Roses. Cal, doncs, cuidar la salut i veure de no estar malalt per no deixar-hi la pell.[15]
Les deux frères Pi i Sunyer, à la fois Carles et August, sont décédés en exil, August au Mexique le 12 janvier 1965 et Carles à Caracas le 15 mars 1971. Tous deux ont cependant demandé que leurs dépouilles soient transférées au cimetière de Roses une fois le dictateur décédé, tout comme Pau Casals, mort en exil le 22 octobre 1973 à San Juan de Puerto Rico et transféré à El Vendrell (Baix Penedès, Catalogne) en 1979, conformément à la volonté exprimée par le musicien.
4. Conclusion
Phryné Pigenet souligne que :
La défaite des Républicains et leur arrivée massive en France, alors que la Catalogne soumise et humiliée passait sous la botte franquiste, n'a pas réduit la revendication identitaire. Elle l'a politisée un peu plus. Les Catalans exilés, dépositaires d'un héritage privé de tout droit à la citoyenneté ultra-pyrénéenne, ont fait de la préservation de l'identité catalane le combat, non plus d'une élite, mais de toute une communauté impliquée dans la restauration de la démocratie (Pigenet, 2012, 79).
Dans l'exil catalan, ils ne se sentaient pas seulement les vaincus de la guerre, mais ils étaient aussi conscients, comme le reste des réfugiés républicains espagnols, de tout ce qu'ils avaient laissé derrière eux lorsqu'ils avaient franchi la frontière et quitté le pays. Ils étaient convaincus qu'entre leurs mains, en exil, se trouvait la survie de la culture et de la langue catalanes, qui avaient été anéanties dans l'Espagne franquiste.
Une expérience extrême, traumatisante, par son ampleur et sa soudaineté, il s'agit de l'exode le plus considérable qui se soit jamais produit à une frontière française. Son souvenir hante encore aujourd'hui les mémoires de bien des survivants, mais un silence prolongé l'a entouré et il est demeuré longtemps oublié dans les replis de l’histoire (Dreyfus-Armand, 1999: 42).
Elle laissera une empreinte difficile à oublier, dans de nombreux cas, une blessure qui perdurera toute leur vie.
Bibliographie citée
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Notes
[1] Camp d'Agde, 17 mai 1939; AFCPS Ca16Cp534.
[2] Camp d’Agde, 11 juin 1939; AFCPS Ca2Cp64.
[3] En ce moment, Pompeu Fabra avait déjà plus de 70 ans, et comme il le prévoyait, il ne retourna jamais en Catalogne. Il mourut le 25 décembre 1948 en exil à Prades.
[4] Camp d'Agde, 17 mai 1939; AFCPS Ca2Cp64.
[5] « Ruta d’exili. Agde », L’Emigrant, 14 janvier 1946.
[6] Ou le chapitre « Visiones del Canigó » dédié par Lluís Ferran de Pol où il met en avant la représentation de la montagne comme un symbole, également, de pureté, de tranquillité, de liberté : «Hacia poniente, se yergue la mole reconfortante del Canigó. Su masa pura de resbaladizo cono es de una blancura absoluta. Quizás hay demasiada pureza de color en su masa, quizá sus líneas tienen excesiva severidad, pero, en contraste con nuestra miseria, parece una abstracción, casi una idea; es un buen motivo de fuga, de evasión para nuestro espíritu» (Lluís Ferran de Pol, 2003 : 65-67).
[7] « Catalans a França. S’ha estrenat una sardana... », El Poble Català, 5 janvier 1940.
[8] Principalement dans les Archives nationales de Catalogne : ANC. Fons Generalitat de Catalunya (Exili) et les unités de catalogage : 323, 350, 353, 385, 386 et 411.
[9] Sète, 19 juillet 1939 ; AFCPS Ca8Cp267.
[10] Perpignan, 3 avril 1939 ; AFCPS Ca9Cp288.
[11] Dans une autre lettre à Creus, en date du 13 mai 1945, il avait noté : « […] La nostra alegria és gran. Ara, que aviat ens deixin tornar a casa», faisant une fois de plus référence au retour comme étant presque imminent. Lettre de Pau Casals à Jaume Creus. Collection Jaume Creus i Ventura.
[12] Prada de Conflent, 20 mars 1948. Collection Jaume Creus i Ventura.
[13] La ville de Roses dans l'Alt Empordà (Catalogne) était l'origine de la famille et où les frères Pi i Sunyer passaient leurs étés dans leur enfance. Pendant l'exil, Roses représentait d'abord l'espoir du retour, puis le souvenir et la nostalgie du pays perdu après l'exil.
[14] Caracas, 3 mai 1942 ; AFCPS.
[15] Caracas, 24 juillet 1942; AFCPS.