1. Introduction
L’armée française décide la création du camp d’Agde, à la fin du mois de février 1939, pour faire face à l’arrivée massive des réfugiés de la Retirada. Les premiers espagnols arrivent à Agde le 28 février[1]. Au mois de mai, ils seront 25000 dans des baraques de bois, sur un terrain de 30 hectares. Leur séjour sera court, dès le mois de septembre 1939, seuls quelques Espagnols intégrés dans les Compagnies de Travailleurs restent au camp, avant l’arrivée de l’armée Tchécoslovaque. Un an plus tard, à la fin du mois d’octobre 1940, des familles étrangères parmi lesquelles des espagnols, sont internés au camp d’Agde.
Cet article a pour objet de faire ressurgir les traces du passage des Espagnolsau camp d’Agde. Il tentera de répondre aux questions: Comment l’exil a-il-été vécu côté des républicains espagnols ? Comment ces derniers ont-ils perçu leur ville d’accueil et ses habitants? De quelle manière le camp était vu par les Agathois? Cet article reviendra également sur les réseaux de solidarité. Plus de 80 ans après, cet article vise à mettre en évidence ce que la mémoire collective des Agathois conserve, aujourd’hui, de ces évènements.
2. Agde face à la guerre civile espagnole
Depuis la fin du XIXe siècle de nombreuses familles espagnoles sont venues s’installer à Agde. En 1936, de jeunes Espagnols rentrent au pays pour s’engager aux côtés des républicains, cela se produit souvent au moment, où ils sont appelés par l’Espagne, pour effectuer leur service militaire. On peut citer l’exemple de Joseph Cabrera, lequel part en Espagne au moment de la mobilisation de sa classe. Son frère Manuel, que le service des archives d’Agde, a interrogé en 2014, nous a rapporté les conditions de vie de ce dernier pendant la guerre civile. Elles sont déplorables, l’armée républicaine est désorganisée: Joseph est contraint à vivre dans le froid et l’humidité et il tombe malade. Il n’est pas correctement soigné, sa santé se dégrade. Des cousins le récupèrent dans la région de Barcelone, finalement, c’est à leur demande que la mère de Joseph se rend en Catalogne afin de le ramener en France, mais très affaibli, il décède en 1940[2]. Bien entendu, les parcours de tous les jeunes espagnols ne sont pas aussi tragiques.
Dès 1936, à Agde, comme dans de nombreuses communes du secteur, l’aide à l’Espagne républicaine s’organise ; elle est notamment mise en œuvre par le consul d’Espagne à Sète et les nombreuses organisations politiques qui œuvrent dans ce domaine. Il s’agit de collecter de l’argent et des denrées destinés à venir en aide aux populations qui souffrent de l’autre côté des Pyrénées. Pour certains Espagnols, notre région est déjà devenue un refuge: c’est le cas des orphelins recueillis à Sète. Le Comité Antifasciste de Ayuda à República española de Paulhan fourni au consul d’Espagne présent dans l’île singulière, le lait pour la colonie des orphelins de Sète[3]. Les adhérents des comités paient une cotisation hebdomadaire. Les permanences se tiennent souvent au café et ont lieu généralement le samedi. C’est l’occasion de recevoir des dons en espèces et des denrées alimentaires. Jo Vilamosa a fait don aux archives d’Agde des documents du comité de Valros[4]. Ces derniers mettent en lumière l’action de celui-ci et ses relations avec le comité de Béziers.
La lecture de la presse locale, nous permet de mieux appréhender comment se met en place cette aide. L’AVENIR AGATHOIS du 27 juin 1936 annonce une manifestation le 14 juillet, à l’initiative de plusieurs partis et groupements de gauche. Quelques jours plus tard, le 2 juillet 1936, la ligue des Droits de l’Homme, les Jeunesses Laïques et la CGT unifiée, le Secours Rouge International, le Groupe Radical Socialiste, le Parti Socialiste SFIO, le Parti communiste, les Jeunesses Radicales Socialistes, les Jeunesses Communistes, se retrouvent dans une salle du café du Louvre[5] pour mettre en place un Comité Local du Rassemblement Populaire. L’objectif de ce dernier, est de coordonner les forces antifascistes. Au cours de l’été 1936, le Secours Rouge International, dont l’antenne Agathoise est dirigée par Louis Verdier et André Chassefière, collecte des fonds destinés aux combattants de l’armée républicaine. A partir du 19 septembre, le Comité franco-espagnol tient une permanence tous les samedis soir, de 8 h 30 à 10 heures, dans une salle du 1er étage du café du Louvre. A cette date, 100 à 150 personnes versent chaque semaine au moins 3 francs au comité. Ce sont majoritairement des espagnols. Cette organisation invite donc les Français à imiter ce geste et soulignent que, verser pour la République Espagnole c’est combattre le fascisme international. Elle reçoit également des ballots de linge et des denrées alimentaires. A ces colis, s’ajoutent ceux des habitants du secteur qui, envoient à leur famille denrées et objets devenus introuvables de l’autre côté des Pyrénées. Les paquets sont déposés au café GRAUS tenu par Madame et Monsieur Barbano. Le camion de la solidarité vient régulièrement les récupérer et les transporte en Espagne. En janvier 1937, c’est le bateau LANGUEDOC ROUSSILLON qui transporte l’aide aux républicains espagnols. Au mois de février le comité d’Entraide Franco Espagnol multiplie les initiatives afin de ramasser des fonds: il organise des bals, des loteries et multiplient les appels aux dons. Du lait condensé est également collecté pour l’alimentation des enfants. Ainsi, le 3 mars 1937, le camion de la commission de solidarité emporte 14 gros colis de vêtements, chaussures, caisses de lait concentré et du chocolat[6].
Figure 1 Carnet de cotisations pour les collectes organisées par l’antenne agathoise du consulat d’Espagne à Sète
(Archives Municipales d’Agde 19 Z 193)
Figure 2 Appel aux dons adressés par Robert Privat, instituteur d’Agde (Archives municipales d’Agde 19 Z 154)
Figure 3 Reçu de la Délégation Officielle d’Aide à l’Espagne Républicaine-section d’Agde (archives municipales d’Agde 19 Z 154).
3. La création du camp
3.1 L’arrivée des réfugiés
Figure 4. - L’arrivée des combattants républicains espagnols, collection G. Cléophas.
Le général Ménard décide, le 28 février 1939, de créer un centre d’hébergement, à proximité de la caserne Mirabel, afin de décongestionner les camps d’Argelès et de Saint Cyprien. Les Agathois ont connaissance de la nouvelle le 4 mars: L’AVENIR AGATHOIS annonce, en première page, l’installation sur la commune d’un «camp de concentration» destiné à accueillir les républicains espagnols après la chute de la Catalogne. Sa construction débute aussitôt sur le champ de manœuvre qui, est un terrain militaire, situé sur la route de Sète, à côté de la caserne des gardes mobiles. Cependant, sa superficie (18 hectares) est insuffisante pour accueillir 20 000 espagnols. La mairie est ainsi contrainte de réquisitionner des terrains et des bâtiments adjacents, ce qui porte la superficie totale du camp, à 30 hectares. L’indemnisation de ces réquisitions contraint parfois les propriétaires, à des recours auprès de l’administration[7].
Figure 5 -Archives municipales d’Agde- Fonds Vilamosa 38Z4.
A l’arrivée de ce premier convoi le 28 février, le camp n’est qu’un vaste terrain vague parsemé de mares stagnantes. Les 320 réfugiés parviennent à Agde, à bord d’une vingtaine de camions. Ils sont Madrilènes, Andalous et Catalans, ils viennent du camp de Saint Cyprien, Monsieur Angel Adell Ortells est parmi eux. Ces derniers, aussitôt arrivés, s’emploient à délimiter le terrain par une clôture de barbelés et édifient les premiers baraquements en bois, recouvert de toitures en tôle ondulée surveillés par des soldats de l’infanterie coloniale notamment, des tirailleurs Sénégalais. Dès les premiers jours des journalistes de L’ECLAIR, du PETIT MERIDIONAL, de LA DEPECHE, LE TRAVAILLEUR DU LANGUEDOC sont présents, L’ECLAIR publie un premier article le 1er mars, LE PETIT MERIDIONAL le 5 mars. Le camp est construit très vite par le Génie d’Avignon avec l’aide des réfugiés. Entre le 13 mars et le 1er avril, plus de 7000 réfugiés viennent occuper le camp n°1 alors que se poursuit l’édification des camps n°2 et n°3[8]. Les mois d’avril et de mai, sont ponctués d’arrivées massives de réfugiés, signalées dans la presse locale et régionale. Finalement, le 15 mai le camp arrive à sa capacité maximale de 25 000 réfugiés.
Les contraintes pour le voisinage sont nombreuses. La maison de Madame Charles est située au milieu des terres réquisitionnées, du chemin des Sept Fonts, cette dernière doit donc demander un laissez -passer pour sortir de chez elle. Un autre voisin du camp, Monsieur Dusfour propriétaire du Mas Rigaud, est surpris de trouver le 3 mars, son champ clôturé de barbelés, à l’intérieur des Gardes Mobiles, des tirailleurs Sénégalais, des réfugiés Espagnols, avec pour seul abri, quelques tentes marabouts, la cuisine se fait en plein air. Monsieur Dusfour entreprend, alors des démarches pour faire reconnaitre et cette occupation et obtenir une indemnisation, mais compte tenu du préjudice subi, comme les autres voisins du camp, le dédommagement obtenu est dérisoire. Outre les nuisances pour les voisins, la création du camp entraine également le déménagement de la société de gymnastique créée en 1937 par François Estournet et François Mouraret[9]. Installée sur un terrain des Sept Fonts, les activités de la société se déroulent désormais, sur le terrain de l’Espérance situé à côté de la cave coopérative[10].
3.2 La réaction des Agathois à l’annonce de la création du camp
Jean Félix préside, en effet, aux destinées de la ville depuis 1919, il est membre de l’Union Socialiste Républicaine. Sa première réaction est une marque d’indignation:
Cette mesure m’apparait comme une véritable calamité: 25 000 hommes aux portes d’Agde qui n’a pas 10 000 habitants et pour qui se pose déjà le problème aigu de l’alimentation en eau potable? 25000 miliciens de la FAI, la CNT, de l’UGT, que sais-je encore ! qui tous les soirs viendront s’entretenir avec leurs 250 compatriotes communistes de la ville de la nécessité d’intervenir en faveur de Madrid…
Elle semble traduire une grande hostilité vis-à-vis des Espagnols, qui ont trouvé refuge dans sa commune:
Pour qui nous prend-on? On aurait pu installer un camp ailleurs, à Narbonne par exemple dans le fief de Léon Blum. Notre ville abrite déjà pas mal de réfugiés Espagnols qui se sont infiltrés depuis la débâcle de la Catalogne dans notre population. Agde ne doit devenir ni une colonie Espagnole ni le refugium peccatorum de tous les indésirables.
Cette rhétorique qui métaphorise l’arrivée des réfugiés en une «invasion», est souvent utilisée par les journaux de droite, régionaux comme nationaux.[11] Si l’attitude des administrés de Jean Félix, est le reflet de celle de leur premier magistrat, on peut en déduire que beaucoup d’Agathois, sont en ce mois de mars 1939, empreints d’inquiétudes, suite à l’annonce de l’arrivée de ces milliers d’Espagnols. Toutefois, les Agathois ne découvrent pas la terrible situation des Républicains Espagnols, fuyant l’armée du Général Franco. En effet, la presse locale[12] et régionale[13] relatent depuis plusieurs mois les nouvelles du front espagnol. La réaction des Agathois diffère certainement selon leur tendance politique: ainsi les Agathois attachés à la gauche qui aident l’Espagne républicaine, en adhérant aux associations et aux comités, qui viennent en aide aux populations civiles désemparées de l’autre côté des Pyrénées, sont certainement en totale opposition avec leur maire. Les premiers espagnols sont arrivés par camion, mais ensuite ils sont acheminés par train jusqu’à la gare d’Agde, et se rendent ensuite à pied, au camp «en bon ordre et en silence, tout geste et tout cri étant formellement interdits».[14]Une photographie retrouvée par Georges Cléophas[15] montre leur traversée de la ville, au printemps 1939. Cette scène a dû se produire de nombreuses fois entre le mois de mars et de juin 1939, période pendant laquelle de nombreux convois sont arrivés à Agde. Ce cliché est néanmoins le seul connu. Partis quelques heures auparavant des camps des Pyrénées, les Espagnols traversent la ville, à pied, depuis la gare, en passant par la place Jean Jaurès, encadrés par des gardes mobiles. Les Agathois, vaquent à leurs occupations et croisent ainsi la colonne de réfugiés espagnols. Ils découvrent l’aspect de ces réfugiés après l’épreuve de la Retirada et des camps sur la plage. Les Espagnols sont fatigués, amaigris, parfois malades ou blessés[16]. Ils croulent sous le poids de leurs balluchons et de leurs valises. La réaction des Agathois oscille donc entre pitié et inquiétude. Un témoin se souvient que certains habitants apeurés ferment leurs fenêtres au passage de ces colonnes de militaires espagnols rouge de surcroit[17].Pour illustrer cette photo on peut évoquer le parcours d’Antonio Ferraz[18], sous-lieutenantdans l’armée républicaine. Pour ne pas être séparé de ses hommes, il a enlevé ses galons avant de passer la frontière. Ensemble, ils rentrent en France le 9 février 1939, et se retrouvent au camp d’Argèles, sur la plage, du sable à perte de vue, il n’y a aucun baraquement. La nuit, après avoir fait un trou dans le sable, ils s’abritent sous la cape d’officier. Un de ses compagnons meurt de froid. Antonio a appris le français. Il entend qu’un camp se construit à Agde où il y aura des baraques. Il se renseigne et va faire la queue pendant trois jours afin d’intégrer un convoi se rendant au camp d’Agde. C’est ainsi qu’un jour du mois de mars 1939, il arrive en Agde. Sur le trajet de la gare au camp, Antonio est entouré d’amis originaires comme lui de Campo[19]. Il aperçoit Manuel Pera qui est assis sur un banc, un des compagnons d’Antonio, l’interpelle. Il les reconnait, surpris et inquiet de leur dénuement. Il rentre chez lui, informe sa fille qui tient l’épicerie L’Alimentation des Halles, rue du Concile, de ce qui vient de se passer. Le lendemain, il se rend au camp avec de la nourriture, il demande à sa petite fille Francine de l’accompagner. En 2008, cette dernière me racontait que comme sa famille, des personnes originaires d’Espagne venaient de toutes les communes du secteur (Saint-Thibéry, Pézenas, Mèze…), au camp pour rencontrer au parloir des réfugiés, leur apporter ravitaillement et réconfort. Ces réfugiés étaient des parents ou des amis, souvent, nés en Espagne, dans la même commune qu’eux. L’attitude de la population agathoise évolue aussi suite, à un geste francophile, annoncé en première page de l’Avenir Agathois le 25 mars: désormais au camp «une section de miliciens est présente à la montée et à la descente des couleurs françaises à l’entrée du camp pour leur rendre les honneurs».
4. Les relations entre la ville et le camp
A Agde, début mars 1939, c’est la stupeur qui prédomine. L’auteur d’un article paru dans L’Avenir Agathois le 18 mars écrit:
Nous avons assisté au défilé [...] de ces hommes hâves et la plupart déguenillés, vision pénible qui dit combien ces malheureux ont dû endurer de souffrances de la guerre, de la faim et du froid.
Dans les articles des semaines suivantes, l’inquiétude se mêle à la pitié. De plus, certains Agathois se rendent aux abords du camp pour échanger quelques mots ou donner de la nourriture aux internés du camp. La scène est décrite par un dessin d’Arthur Kéry Escoriguel[20].
Figure 6 - Dessin d’Arthur Kéry Escoriguel, catalan interné au camp d’Agde, Archives municipales d’Agde 38 Z 10.
Le souci permanent des autorités était d’éviter, si possible, un contact trop direct des réfugiés avec les Agathois. La barrière linguistique se rajoute à la palissade de rondins et de barbelés. L’entrée du camp est formellement interdite à toute personne étrangère. Seules les personnes munies d’une autorisation écrite signée du commandant du camp, sont autorisées à franchir l’entrée. Ces documents sont de couleur jaune, pour les personnes autorisées à faire le commerce sur les faces du Camp bordant la route de Sète et le chemin des Sept-Fonts. Antoni Foguet Doll[21] évoque dans une lettre à sa famille, le 24 juillet 1939, la nourriture du camp mais également les marchands chez lesquels les réfugiés pouvaient acheter des compléments aux rations distribuées:
Ici on nous donne à manger une sorte de bouillon de porc avec des lentilles, des pois-chiches ou des patates ; mais j’ai pu m’acheter un peu de tabac, et des choses rafraichissantes comme des tomates…[22].
Le chef d’escadron ZWILLING interdit l’achat par des Agathois d’objets introduits en fraude par les réfugiés[23]. D’autres autorisations de couleur blanche rayée rouge et bleue permettent l’accès des personnes dont les occupations exigent l’emprunt du chemin de terre des Sept Fonts. La liste des personnes concernées est établie, elles peuvent circuler mais, en aucune manière, si le règlement intérieur est respecté, pénétrer à l’intérieur du camp et s’entretenir avec les réfugiés[24].Monsieur Adell était arrivé avec les premiers réfugié, en 1988, lors de la préparation du cinquantenaire, il se souvenait qu’au début, le droit de visite était interdit, et que les gens leur lançaient de la nourriture et du tabac par-dessus la double rangée de barbelés. Certains leur adressait également la parole de loin pour les réconforter. Un autre réfugié, Samuel Fraga[25], témoigne en 1989 combien les habitants dans leur énorme majorité et les élus municipaux de l’époque, furent bons pour ceux du camp. Un règlement est mis en place. Pour rompre l’isolement des réfugiés, les militaires mettent en place un parloir: le règlement autorise en effet les visites. Il est possible de venir voir un parent ou un ami interné au camp[26], tous les jours, de 8 heures 30 à 11 heures et de 14 heures à 17 heures. Les jours où les visites ne sont pas autorisées, le commandant du camp doit le faire savoir, notamment, par une annonce dans la presse. A cette époque de nombreuses photographies ont été prises, lors de visite au parloir. Après l’inquiétude des premières semaines, l’opinion de la population agathoise évolue, chez elle la bienveillance et l’empathie prennent le dessus.
Figure 7 - Photographies prises au parloir du camp (en plein air),
les réfugiés BEZ et SAEZ reçoivent la visite de proches agathoise (collection Cléophas).
De mars 1939 jusqu’à la fermeture du camp en novembre 1942[27], de nombreux appels sont lancés à la population agathoise afin qu’elle fournisse vêtements et couvertures aux militaires espagnols dépourvus de tout. Selon certains témoignages, les Agathois répondent à chacune de ces sollicitations[28]. Des habitants du secteur fréquentent le camp: les bénévoles de la Croix Rouge, des commerçants, des personnalités comme le conservateur du Musée Agathois Jules Baudou. Même si, une palissade et de nombreux gardes empêchent les Espagnols de sortir, des autorisations peuvent être demandées. Des écrits, mais surtout, les témoignages permettent de décrire les relations qui, semaines après semaines, vont se développer puis, s’approfondir entre les Agathois et les internés du camp. En 2009, Louis Carrausse me racontait que sa mère, qui avait exercé pendant la Première Guerre mondiale les fonctions d’infirmière et de sage-femme, avait repris à l’ouverture du camp ses activités d’assistance avec La Croix Rouge. Lors de ses visites au camp, elle apporte du réconfort aux réfugiés et noue des relations avec eux. Certains obtiennent ensuite une autorisation de sortie, pour se rendre les fins de semaine, chez la famille Carrausse.Georges Costa, jeune espagnol venait ainsi le samedi chez eux, et rentrait au camp le dimanche.
5. L’aide et le soutien aux réfugiés du camp
Les réfugiés qui arrivent au camp d’Agde ont connu les camps des Pyrénées, ils ont l’espoir de sortir de l’internement, certains entreprennent des démarches pour émigrer en Amérique Latine (Cuba, Mexique, Chili) ou en Russie, d’autres sont à la recherche d’un contrat de travail. De nombreux internés vont bénéficier de l’aide de la communauté espagnole présente à Agde et dans la région. En 1939, nombreux sont[29]les Héraultais et, parmi eux des Agathois, originaires d’Espagne à déposer une demande à la Préfecture afin d’être autorisé à héberger un réfugié présent dans les camps et, quelquefois au camp d’Agde. Pour prendre ces décisions, le préfet s’appuie sur le degré de parenté, les ressources, la taille de l’habitation du demandeur et plus encore sur l’avis du maire de la commune d’accueil. Les documents de la Préfecture signalent que si l’hébergeur, n’est pas un parent du réfugié, l’autorisation peut être accordée à condition que les garanties morales soient de premier ordre, et après autorisation du Ministre de l’Intérieur. Ces documents consultables aujourd’hui aux Archives Départementales de l’Hérault démontrent la réussite de l’intégration des espagnols installés dans la région après la 1ère Guerre mondiale. Ils sont très nombreux à être devenus propriétaires. A cette époque, la viticulture est une activité qui a besoin de bras, les Espagnols sont d’abord embauchés comme ouvriers agricoles mais, assez rapidement, ils acquièrent quelques arpents de vigne et quelques-uns se constituent une propriété viticole. La viticulture permet donc dans ces années-là, une intégration rapide dans la France méridionale.
Les Archives Départementales de l’Hérault conservent certaines de ces demandes, souvent elles tendent à obtenir la sortie du camp d’un proche parent. Elles sont établies sur papier timbré. Salvo Matio agriculteur à Bessan a rédigé une demande afin de permettre la sortie du camp de son beau-frère Mariano Garcia hébergé au camp baraque W1, dans ce document il écrit: «nous prendrons à notre charge la nourriture et tout ce qu’il aura besoin». Certaines propositions d’hébergement émanent également de commerçants et d’artisans. Au mois de juin 1939, Jean Marsol qui tient un commerce de lingerie et chaussures à Bessan, s’engage à héberger Antoine Raluy présent au camp d’Agde. Dans ce document, il déclare que ce dernier est blessé et qu’il s’engage à payer tous les soins nécessaires à son rétablissement. Parmi toutes les demandes, on note une surreprésentation des propositions d’hébergement provenant d’habitants de Saint-Thibéry. Les demandes transmises par des Agathois sont également nombreuses. Citons, pour exemple, la demande de Joaquino Goni, propriétaire qui habite 12 rue du 4 septembre à Agde. Il souhaite héberger chez lui ses deux petits-fils Jean et Raymond Pares internés au camp n°1 Baraque E2. A la lecture de ces documents, on peut penser que de nombreux réfugiés, présents dans les camps des Pyrénées, avaient demandés, à venir, au camp d’Agde car ils avaient des proches, installés en ville ou dans la région.
Certaines demandes sont particulièrement soutenues pas la mairie: c’est le cas de celle de Manuel Rocines où il demande la sortie du camp de son frère prénommé Palatino. Cette demande est appuyée par un courrier manuscrit du maire d’Agde Jean Félix (rédigée sur une feuille à entête de la mairie d’Agde-du cabinet du maire). Dans ce courrier, le maire d’Agde apporte un soutien appuyé. Palatino interné au camp d’Agde y est présenté comme une victime du conflit: âgé de 47 ans, il n’était pas mobilisable en Espagne, mais a été réquisitionné pendant la retraite de l’armée gouvernementale pour construire des fortifications, puis entrainé dans le flot de l’exode. Son frère Manuel vit en France, au moment de la Première Guerre mondiale, il s’est engagé dans l’armée française dès 1914. Mutilé et pensionné de guerre, il a été naturalisé français: en 1939, il est un commerçant honorablement connu. Palatino avait trouvé refuge chez son frère, avant d’être contraint à l’internement au camp. Nous apprenons qu’il n’était pas le seul réfugié espagnol à avoir trouvé refuge chez un particulier avant d’être interné au camp[30]. Le maire demande au Préfet compte tenu des garanties présentées par Manuel Rocines d’accéder à sa demande, il évoque également la possibilité que Palatino se présente chaque jour au camp. Enfin Jean Felix se porte personnellement garant de Manuel Rocines. Les réactions des maires face à ces demandes sont parfois différentes: le maire de Saint-Thibéry donne un avis favorable à la plupart d’entre elles contrairement au maire de Thézan-Lès- Béziers, qui donne un avis désavantageux aux onze demandes qui lui ont été adressées. Ce dernier justifie sa décision par deux raisons: les réfugiés demandeurs n’étaient pas réfugiés en France avant l’année 1936, d’autre part 450 étrangers sont déjà installés dans sa commune qui ne compte que 1500 habitants. L’engagement de ceux qui proposent d’héberger un réfugié est total: ils connaissent les atrocités endurées par ceux dont ils demandent la libération. C’est le cas de Manuel Rambla de Pailhes qui demande le 28 février celle de ces deux cousins germains internés au camp d’Argelès, il décrit leurs conditions de vie: «ils sont dans l’humidité, dans le froid c’est -à-dire que je me suis aperçu qu’ils couchent sur le sable sans aucun abri…».
Il faut également souligner le rôle actif de certaines organisations professionnelles, certains syndicats notamment ceux de l’enseignement. On peut citer l’exemple d’Antonin Bonhomme instituteur à Vias[31]. Le 22 mars 1939, il écrit au préfet de l’Hérault:
«J’ai l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance l’autorisation d’héberger mon ami, Monsieur Pio Guiral Estallo, instituteur espagnol, réfugié actuellement au camp de concentration d’Agde (Pavillon H3)».
Il obtient sa libération, ensuite il va tout faire afin qu’il puisse faire venir à Vias, son épouse et les deux filles de cette dernière, Josephina et Amalia Canalès. Afin de préparer leur venue, il se rend à Marmande en vélo. Il trouve un propriétaire qui va les employer pour les vendanges. La famille est réunie à Vias au mois de septembre 1939, Monsieur Bonhomme leur a trouvé une maison où ils vont séjourner jusqu’au début de l’année 1941. En prévision de la rencontre Franco-Pétain,[32] des familles espagnoles sont internées au camp d’Agde. Madame Guiral et ses deux filles sont concernées. Amalia se souvient que c’était l’hiver: elles avaient froid. Elles restaient le plus longtemps possible dans leur paillasse sous les couvertures. Elles faisaient du feu avec quelques planches dans un bidon au centre de la baraque. Amalia est scolarisée quelques jours à l’école Anatole France, avant d’être transférée avec sa mère et sa sœur au camp de Rivesaltes. Heureusement Monsieur et Madame Bonhomme obtiennent, une nouvelle fois, leur sortie, et elles reviennent définitivement à Vias. Interrogée en 2021, Amalia décrit les liens très forts qui l’unissaient à Monsieur et Madame Bonhomme[33].
Figure 8- Archives départementales de l’Hérault 1 Z59
Comme Antonio Ferraz, beaucoup de réfugiés présents au camp d’Agde en 1939 feront souche à Agde. Son parcours montre l’importance de l’entourage. Pera viendra régulièrement au camp, apporter de la nourriture à Antonio, accompagné de sa petite fille Francine. Finalement, les deux jeunes gens se marieront en juillet 1940. Comme Antonio Ferraz, beaucoup de réfugiés resteront en France, mais pour cela, ils doivent signer un contrat de travail. Les lettres adressées au préfet demandant la sortie du camp d’un refugié, émanent souvent d’agriculteurs ou d’artisans en quête de main d’œuvre. La qualification professionnelle des internés est importante. En effet en 1939, de nombreuses entreprises françaises manquent de personnel. La région agathoise avait accueilli depuis plusieurs décennies de nombreuses vagues d’immigration d’Espagne, l’aide de cette communauté est déterminante.
6. Le camp des Catalans
Parmi les espagnols qui arrivent au camp très nombreux sont les Catalans et tout particulièrement au camp no 3. Les archives de Carles Pi i Sunyer, conservées depuis 2006 à Barcelone, dans la fondation éponyme, sont constituées en grande partie de lettres, échangées au cours de la période 1939-1970, par les autorités républicaines catalane en exil. L’étude de ce fonds, confirme l’implication de la Generalitat de Catalunya dans le projet mis en place au moment de la création du camp d’Agde. Sur les trois camps, les deux premiers ont été réservés aux internés d’origine espagnole et le troisième concentre essentiellement des internés d’origine catalane, d’où son nom: «le camp des Catalans». Dans ce projet, certains anciens conseillers (ministres) de la Generalitat ont eu un rôle capital, ils ont négocié avec les autorités françaises pour concentrer au camp d’Agde, le plus grand nombre possible de Catalans: Leur but étant de recréer une petite Catalogne hors de Catalogne. Pour Carles Pi i Sunyer, c’est la condition pour la survie des Catalans en exil. Cet aspect incontournable de l’histoire du camp est le sujet de la thèse de Laia Araño Vega[34], qui travaille avec les archives de la Fondation Carles Pi et Sunyer à Barcelone. Déjà éditée en catalan, cette thèse sera publiée en français au mois de septembre 2024.
Dès les premiers jours, à l’intérieur du camp n°3, les activités culturelles et sportives sont mises à l’honneur, avec l’objectif d’agrémenter la vie des Catalans en exil. On note la création d’une chorale composée de cent quatre-vingts choristes, elle interprète des chansons traditionnelles. Au début du mois de juin, un journal commence à être distribué. À cette époque, cent vingt élèves, soit quatorze classes suivent des cours de français. Les réfugiés peuvent assister à des conférences, des expositions, des pièces de théâtre. Les activités sportives ont aussi une place importante dans l’emploi du temps des réfugiés qui pratiquent: basket-ball, rugby, boxe, athlétisme et football. Le 14 juillet 1939, la direction artistique du camp n°3 organise un programme sportif et musical composé d’activités typiques de la Catalogne: danses de bâtons et pyramides. A cette occasion, est inauguré le terrain de sport construit par les réfugiés à l’intérieur du camp[35]. Quelques jours plus tard, le 19 août 1939, Jules Baudou écrit au préfet afin qu’il autorise un groupe de danseurs catalans, présents au camp, à participer à une fête organisée, le 26 août, par le musée agathois. Au cours de l’été, une exposition est organisée par les artistes du camp des personnalités agathoises la visitent. Des commandes sont ensuite passées aux artistes. Dans les jours qui suivent, le maire et le conservateur du musée agathois interviennent également pour faire sortir du camp trois artistes catalans. Comme Véronique Moulinié, nous pouvons nous poser la question:
Est-ce grâce à leur créations, tableaux ou sculptures, vendus ou donnés, que les artistes Cadena (peintre), Clavell (sculpteur) et Tarrac (ferronnier d’art) se sont vus confier la décoration des salles de la mairie et du musée[36]?
Figure 9- Portrait de Jean Pallarès, secrétaire général de la mairie et gendre de Jean Félix
Collection Famille Pallarès, photographie par Laurent Gheysen
7. Sortir du camp
On ne peut réduire l’histoire du camp à quelques parcours réussis, la vie au camp n’était pas supportable pour tous. Les premiers à accepter le retour en Espagne, sont certainement ceux, qui ont connu à la frontière une séparation traumatisante. Ils le font presque clandestinement, par peur des insultes des réfugiés les plus extrémistes. Peu ont recours à cette solution au cours des premiers mois, mais au cours de l’été, leur nombre augmente très sensiblement. Ils sont près de 7000 en juillet, 1000 en août. Ainsi, en sept mois et demi, environ 10000 internés du camp d’Agde, traumatisés par l’exil, retournent en Espagne[37]. Début août, les volontaires recensés sont acheminés vers le camp du Barcarès, avant leur rapatriement en Espagne[38].
Les réseaux d’entraide ont néanmoins bien fonctionné: beaucoup de ceux qui étaient internés au camp d’Agde ont pu en sortir, certains ont même réussi à rejoindre leur épouse. Au moment des vendanges, le 6 septembre 1939, 3510 réfugiés du camp sont mis à la disposition des maires du département pour les vendanges[39]. Le 14 septembre, 200 réfugiés sortent pour aider les vignerons d’Agde, 130 partent à Marseillan, 100 à Pinet, 200 à Florensac. À la fin du mois, l’effectif du camp est ainsi réduit à 2516 hommes dont 1750 forment les sept Compagnies de travailleurs tenues à la disposition des régions. Les départs se poursuivent le mois suivant. Le 2 octobre, 138 réfugiés du camp sont mis à la disposition du camp du Larzac. Le 4, trois Compagnies partent pour le Loiret. Le 6, deux nouvelles Compagnies de travailleurs de 200 hommes chacune, sont mises à la disposition du préfet de l’Hérault. Enfin, 663 réfugiés espagnols sont envoyés à Saint-Cyprien. Les Espagnols qui ont quitté le camp pour participer aux vendanges ne reviennent pas. Ils sont envoyés au camp du Barcarès.
Après les vendanges, il ne reste plus dans le camp que quelques centaines d’Espagnols intégrés dans les compagnies de travailleurs. Mais avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale leur situation reste précaire. Certains retourneront au camp, parfois en famille. A la fin du mois d’octobre 1940, au moment où des familles étrangères y sont internées:Les femmes et enfants au camp n°2 tandis, que les hommes sont assignés à résidence au camp n°3. Le camp est composé de baraques en planche, ces dernières ont mal vieillies. Nous sommes en hiver, les conditions de vie sont très difficiles.Parmi les familles espagnoles[40], la famille Serrat arrive le 22 novembre, avec d’autres réfugiés espagnols venus de la Drôme. Présent lors des commémorations de 2009, Michel Serrat a raconté son internement. Après la Retirada, à la fin de l’année 1939, sa famille a trouvé refuge dans la Drôme. Michel apprend le Français et il est très apprécié par son instituteur. En novembre 1940, avec sa famille il est interné au camp d’Agde: son père et son frère dans le camp des hommes ; Michel, sa mère et sa sœur dans le camp des femmes. Il connaît les poux et la gale, supporte difficilement l’absence de liberté. Il conclut ainsi son témoignage : « Mon séjour au camp d’Agde aura été une des pires périodes de ma vie »[41]. Après le camp, de nombreuses familles ont fait souche dans notre région.
8. Les républicains espagnols après-guerre: le temps du souvenir
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur l’emplacement[42] du camp d’Agde, il ne restait plus que les allées de pouzzolane, quelques socles de baraques en maçonnerie et le four à incinération des ordures. Quelques années plus tard, la construction de lotissements entraînait la disparition des derniers vestiges. Après la destruction d’une partie des archives en 1942, la mémoire du camp s’estompait un peu plus. Son souvenir allait néanmoins perdurer car de nombreux républicains espagnols présents dans ses baraques en 1939, étaient installés en Agde. Après-guerre, ils aiment se retrouver dans la rue Jean Roger, à la casa de ESPAŇA, le local de l’association qui s’est donné pour mission, de maintenir et de diffuser la culture espagnole. Entre 1946 et 1948, Antonio Ferraz y enseigne le castillan.
Figure 10- En 1946, la Casa de ESPAŇA ouvre ses portes rue Jean Roger (collection Sylvia Ferraz).
Pour connaître l’attitude de cette communauté j’ai analysé les articles qui la concerne, parus dans le journal L’AGATHOIS. Notons tout d’abord, qu’ils sont souvent rédigés en espagnol, quelquefois en catalan, rarement en français. Plusieurs associations structurent la communauté espagnole présente à Agde. Leur objectif venir en aide aux 300 000 républicains espagnols qui gémissent dans les geôles fascistes, dans ce but l’association Solidarité Espagnole en France organise de nombreuses collectes et tombolas. Ces associations disposent d’un lieu où elles reçoivent et organisent leurs réunions, ainsi la Solidarité espagnole se réunit à la « Casa de Espana», Antonio Ferraz en est le trésorier[43]. L’Alliance Nationale Catalane se retrouve également à la «Casa de Espana»[44].
Figure 11- Signature du travail réalisé en 1939 par les artistes catalans du camp d’Agde dans l’ancienne mairie aujourd’hui Maison du Cœur de Ville- (photographie service communication de la ville).
En avril 1945[45], la « Casa de España» localisée rue Jean Roger à Agde célèbre la proclamation de la République espagnole en 1931. Lors de cette manifestation, on note la présence du Comité de Libération d’Agde. L’article souligne le rôle joué par de nombreux Espagnols dans les réseaux de Résistance français. Cet évènement réuni des Espagnols mais aussi des Français démontrant, leur attachement commun à l’idéal républicain. Le Comité franco espagnol d’Entente Juvénile d’Agde se réunit lui, à la bourse du travail. Le 2 juin 1945, il organise une conférence franco espagnole, animée par Jules Milhau,[46] professeur d’économie politique à la faculté de Montpellier et Balselles magistrat à la cour d’appel de Barcelone, professeur à l’Université du soir de Toulouse, secrétaire général adjoint du comité National France – Espagne. Parmi les autres associations, La Junta Espanola de Liberation, La fédération des espagnols résidents en France, le Comité d’Aide à l’Espagne Républicaine (réunion des groupements français et espagnols républicains et antifascistes), Le Comité France Espagne du canton d’Agde, le Casal Catala. Cette dernière association se réunit pour la première fois le 23 mars 1946 au café de la Promenade sous la présidence du nouveau maire Louis Reboul. Elle rend un hommage aux artistes ayant travaillé à la décoration de la salle des mariages, en présence de Cadena et de Vila. Les festivités se poursuivent au musée où le comité est reçu par Jules Baudou. Ensuite une démonstration de Sardane est organisée sur la Place Jean Jaurès. Le dimanche 12 mai est inauguré le Casal Catalan (le foyer catalan). A cette occasion, le cortège se dirige vers le cimetière où, ont lieu plusieurs dépôts de gerbe dont un devant les tombes où reposent les réfugiés morts en exil. Toutes ces manifestations bénéficient du soutien de la municipalitéainsi, le 14 avril 1946[47], a lieu sur la promenade un grand meeting pour commémorer l’anniversaire de la fondation de la République espagnole.
L’intégration des espagnols dans la société agathoise est une réussite et après, une décennie, nombre de ces associations ont disparues. Dans les colonnes de L’Agathois en 1957 une seule association fait paraître des articles: l’Amicale des Catalans.
9. Ecrire cette page de l’histoire locale
9.1 le temps des commémorations
Les années 80 sont celles des commémorations, Pierre Lattes[48] met en place le Comité local d’Histoire (C.L.H) qui réunit autour de lui plusieurs personnalités: Georges Cléophas, Jo Vilamosa, Franck Bancal, Jean-Claude Mothes (directeur du journal L’Agathois) et le colonel Pacull (archiviste bénévole de la ville). Ce groupe est encouragé dans ses recherches par des témoins de cette histoire parmi lesquels Francine Ferraz. Ensemble, ils vont préparer les cérémonies du Cinquantenaire et collecter documents photos, souvenirs et témoignages qui constitueront le premier fonds des archives d’Agde, sur le sujet. Lors des commémorations de février 1989, ils présentent une exposition faisant appel à tous ceux qui ont vécuau camp. Des témoignages sont collectés et publiés dans le journal L’AGATHOIS. A l’occasion de ces cérémonies, un monument est élevé sur l’emplacement de l’entrée du camp pour perpétuer le souvenir des dizaines de milliers d’hommes de différentes nationalités qui, y séjournèrent dans leur marche vers la Liberté.
Figure 12- Monument du camp d’Agde inauguré en février 1989 lors des cérémonies du Cinquantenaire. Il est situé près du collège René Cassin, à l’emplacement de l’entrée du camp.
Le décès de Pierre Lattes, en mai 2004, sonne la fin de l’activité du CLH, mais Jo Vilamosa et Georges Cléophas continuent à collecter objets, photos et témoignages. A partir de cette période, le camp est le sujet de recherche de plusieurs étudiants. Un premier mémoire est réalisé par Patricia Belluire en 1988[49], alors que la plupart des archives ne sont pas encore ouvertes aux chercheurs. Presqu’une décennie plus tard, Donald Lecomte réalise une synthèse sur l’histoire du camp d’Agde. Plus près de nous, Benjamin Laval[50] et Alain Alquier consacrent leurs recherches à la période 1939-1945.
9.2 Que reste-il aujourd’hui du camp d’Agde dans la mémoire des Agathois?
L’Odonymie[51] de la ville conserve la mémoire du camp d’Agde tout comme le monument du camp est depuis 1989, le lieu où les descendants des réfugiés peuvent venir se recueillir. Les municipalités successives ont entretenu le souvenir du camp. En 1952, au cœur des nouveaux lotissements construits sur l’emplacement de l’ancien camp, les dénominations de deux ruesrendent hommage aux villes de Barcelone et Prague. Près de collège René Cassin, construit à l’entrée du camp, est inauguré l’année en 1998 « la Rue du Camp d’Agde». Agde est restée une ville d’accueil, il est donc important que les nouveaux Agathois aient connaissance l’existence du camp : c’est un des buts que se donne l’association pour la Mémoire du Camp d’Agde (AMCA). Cette dernière voit le jour en 2010, autour de Jo Vilamosa. Son but est de faire connaître l’Histoire du camp d’Agde et de ceux qui y ont séjourné. Elle organise le 12 septembre 2013 une conférence au cours de laquelle l’histoire de toutes les populations passées au camp est expliquée. A cette occasion, Jo Vilamosa, qui a vécu enfant la Retirada[52] , décrit et explique la vie des espagnols au camp en 1939. En 2019, pour les 80 ans de la Retirada, l’association organise un colloque international sur les camps de réfugiés espagnols
Les archives municipales participent aussi activement à ce travail de mémoire, notamment grâce, à une étroite collaboration avec Georges Cléophas et Jo Vilamosa. En 2009, le service s’associe aux commémorations des 70 ans de la Retirada organisées par la Région Languedoc Roussillon. Une exposition, retraçant la vie des républicains espagnols au camp et des conférences sont présentées à la médiathèque. L’exposition est ensuite présentée dans les collèges et les lycées de la ville et de la région notamment grâce la coopération active des professeurs d’espagnol. Le service s’emploie également à faire connaitre l’histoire du camp en répondant aux nombreuses demandes des descendants du camp, qui tentent de découvrir l’histoire du grand-père ou de l’arrière-grand-père passé par le camp. Longtemps, les demandes concernaient le parcours d’un ascendant resté en France ou ayant émigré en Amérique Latine. Aujourd’hui des demandes proviennent d’Espagne, pays où sont retournés le plus grand nombre de réfugiés espagnols présents au camp en 1939. Ce travail s’appuie sur la documentation réunie dans quatre fonds privés: le fonds du camp d’internement (6 Z), le fonds Pierre Lattes (14Z), le fonds Joseph Vilamosa (38 Z), le fonds Georges Cléophas (19Z), nous permettent de rendre compte cette page de l’histoire d’Agde. Bien entendu ces fonds ne s’intéressent pas uniquement au camp d’Agde, ni exclusivement aux espagnols.
Le fonds du camp d’internement (6 Z) est le fonds privé créé aux archives d’Agde, au moment du Cinquantenaire notamment pour préparer l’exposition de 1989. Il se compose, en grande partie, de photocopies de documents des Archives Départementales de l’Hérault: listes nominatives, règlements et échanges de courriers entre le camp et la Préfecture ou la Sous-Préfecture. Il conserve de nombreux documents concernant les arrivées et les départs de réfugiés, s’intéresse également au ravitaillement et à surveillance du camp. Il contient principalement des documents dactylographiés ou manuscrits et très peu de documents figurés (essentiellement les photos de l’infirmerie prise par le photographe Zwigental). Ce fonds conserve également des documents concernant la préparation du cinquantenaire. Le fonds Lattes (14 Z) correspond une partie de la collection de Pierre Lattes, reçue aux archives municipales, en avril 2012. Ces documents sont présentés, en général, dans des classeurs tels que les avait classés l’ancien président des Anciens Combattants. Ce fonds contient un certain nombre de courriers et de photographies. Il s’intéresse à l’identification des réfugiés, il contient les nombreuses lettres échangées par Monsieur Lattes pendant la préparation du Cinquantenaire dont il a été le grand ordonnateur, le président du CLH s’est également attaché à conserver les documents montrant le rôle joué par les Espagnols dans la Légion et la résistance. Le fonds cédé, par Jo Vilamosa, aux archives d’Agde en 2016 (38 Z) contient certains documents également présents dans les autres fonds: listes de réfugiés, notamment celles des Espagnols demandant leur rapatriement au cours de l’été 1939, des articles de presse ainsi que des documents ayant servi à la préparation du Cinquantenaire, d’autres concernant les artistes présents au camp notamment Tarrac, Clavel, Cadena, il contient les photographies de la salle des mariages décorée par les artistes catalans ainsi que celle des peintures réalisées par Cadena à la casa des España de Béziers. D’autres documents évoquent le passage de réfugiés au camp, par exemple Juliana Amo, Arthur Kéry Escoriguel, Prat Puig. On peut également souligner, des dossiers concernant les Travailleurs Etrangers mais aussi une partie des archives du Comité d’Entraide du Front Populaire Franco Espagnol de Valros. Outre les documents papier, ce fonds, contient des objets ayant servi au camp d’Agde: une couverture, une machine à écrire, les outils d’un coiffeur. Les documents donnés par Georges Cléophas aux archives (19Z), concernant le camp, ont été reçus par les archives d’Agde en 2021, ils évoquent la Retirada, les camps du sud -ouest. D’autres s’intéressent à l’aide apportée à l’Espagne républicaine, notamment des reçus du consul d’Espagne de Sète, datés de 1938, des feuilles de compte et des cartes de la Délégation Officielle de l’Aide à la République Espagnole, des documents comptables se rapportant au Comité d’Entraide française en Espagne. Ceux concernant le camp d’Agde, ont notamment pour objet la santé des réfugiés, ainsi que le parcours de réfugiés espagnols présents au camp en 1939, tandis que d’autres se rapportent aux familles internées en 1940-41 et, aux commémorations du Cinquantenaire. L’ensemble de ces fonds permettent aux archives d’Agde de pouvoir répondre aux nombreuses demandes adressées chaque année par des personnes en quête d’information sur cette période.
9.3 Une publication des archives d’Agde
Médiatrice culturelle aux archives d’Agde, chargée des fonds privés, de la bibliothèque et de la collecte de témoignages oraux, j’ai publié en 2021, l’ouvrage AGDE, 1939-1942: un camp aux portes de la ville[53]. Le premier objectif de cette publication était de proposer une histoire du camp accessible à tous, le livre se télécharge sur le site internet de la ville, sur les pages consacrées aux archives municipales. L’autre butétant de faire connaitre et valoriser les sources disponibles dans les fonds municipaux afin d’encourager la collecte de nouveaux documents et témoignages.
10. Bibliographie
Alquier Alain, (2012), L’occupation allemande à Agde: 12 novembre 1942-20 août 1944, Mémoire de Master I d’Histoire, Montpellier, Université Paul-Valéry.
Arañó Vega Laia, (2024), El Camp dels catalans, Editorials Afers.
Belluire Patricia, (1988), Agde 1939-1945. Une ville dans la guerre, Mémoire de Maîtrise d’histoire, Toulouse, IEP.
Camps Christian, (1999), Agde d’hier à aujourd’hui, Les Éd. de la Tour Gile.
Carles Alain et Cléophas Georges, (2008), « Agde des remparts à la mer Vol.II. Béziers: ALDACOM.
Camps Christian et Sagnes-Alem Nathalie, (2019), Les camps de réfugiés espagnols en France: 1939-1945, Éd. du Mont.
Guilhem Florence, (2005), L’obsession du retour. Les républicains espagnols 1939-1975, Toulouse, PU du Mirail.
Laval Benjamin, (2008), Agde et les Agathois dans la guerre 1939-1945, Montpellier, Mémoire de Master, Université Paul-Valéry Montpellier III.
Lecomte Donald, (1997), Approche de l’histoire du camp d’Agde (1939-1944), Toulouse, Mémoire de Maîtrise d’Histoire, Université Toulouse Le Mirail.
Moulinié Véronique, (2009), « La Retirada Mots et Images», Garae Hésiode.
11. Notes
[1] Archives Départementale de l’Hérault 2 W 622 lettre du Général Ménard au Préfet de l’Hérault.
[2] Témoignage de Manuel Cabrera filmé par le service des archives d’Agde en 2014
[3] 19 Z 173
[4] Ces documents ont été donnés aux archives d’Agde par Jo Vilamosa, un des principaux collectionneurs de documents concernant la Retirada et le camp d’Agde, il a fait don aux archives d’Agde d’une partie de sa collection qui correspond au fonds privé 38 Z. Les documents concernant l’entraide correspondent aux côtes 38Z39 à 38Z 53.
[5] Le café du Louvre est situé sur la Promenade, non loin du café Reynes.
[6] Voir Avenir Agathois 16 et 23 janvier 1937, 6, 13, 20 février et 6 mars 1937.
[7] Pour cette partie de nombreux détails sont donnés dans les mémoires de Patricia Belluire et de Donald Lecomte. Patricia Belluire Agde 1939-1945: une ville dans la guerre. Institut Politique de Toulouse, 1988. LECOMTE Donald, Approche de l’histoire du camp d’Agde (1939-1944), Toulouse, Mémoire de Maîtrise d’Histoire, Université Toulouse Le Mirail, 1997.
[8] Texte de la conférence de Jo Vilamosa, Les Républicains espagnols au camp d’Agde, présentée à la Maison des Savoir le 13 septembre 2013. Bibliothèque des archives d’Agde CD245.
[9] François Mouraret a été instituteur, puis professeur de musique à Agde. En 1936, il a été fondateur avec en 1937, avec François Estournet et Marc Montel, de la société de gymnastique « L’Espérance». Dans les années 1970, il deviendra archiviste de la ville.
[10] Alain Carles et Georges Cléophas, « Agde des remparts à la mer Vol.II. Béziers: ALDACOM, 2008.p.30.
[11] Christine Delpous Darnige, «Être dedans, être dehors: solidarités et proximité autour du camp d’Agde» in C. Camps et N. Sagnes-Alem, Les camps de réfugiés espagnols en France: 1939-1945, Éd. du Mont, 2019, p. 130-145.
[12]L’AVENIR AGATHOIS du 4 mars 1939
[13]LA DEPECHE, l’ECLAIR, LE PETIT MERIDIONAL, de nombreux articles concernant cette période sont conserver dans les fonds Vilamosa (38Z) et Cléophas (19Z).
[14] L’AVENIR AGATHOIS du 18 mars 1939
[15] Cet Agathois dispose d’une riche collection de documents concernant la ville pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a fait don d’une partie aux archives d’Agde, ces documents constituent le fonds privé 19Z. Il a également collecté de très nombreux témoignages sur cette période.
[16] Entre le mois de mars et le mois d’août 1939 huit soldats républicains espagnols du camp décèdent à Agde.
[17] Témoignage recueillis par Christine Delpous Darnige le 12 septembre 2018, le témoin Jean Pélissier avait 7 ans à l’époque.
[18] Témoignage de Francine et Sylvia Ferraz collecté par les archives d’Agde en 2008 et 2019.
[19] Campo est une commune espagnole appartenant à la province de Huesca (Aragon).
[20] Arthur Kéry Escoriguel est né en 1919 à Barcelone. Pilote dans l’armée républicaine, il entre en France le 9 février 1939. Il passe ensuite par plusieurs camps GURS, Argelès, St Cyprien avant d’arriver à Agde en avril 1939. Interprète, il réalise également de nombreux dessins évoquant la vie quotidienne au camp d’Agde. Revenu plusieurs fois à Agde lors des commémorations les archives d’Agde conservent de nombreuses copies de ses dessins.
[21] Antoni Foguet Doll est né à Tàrrega dans la province de Lérida en Catalogne et décédé à Mathausen. Sa famille a permis en 2009 aux archives municipales d’Agde de scanner une partie de sa correspondance.
[22] Lettre a été traduite en 2009, par Mireille Rosello enseignante au lycée d’Agde.
[23] Avenir Agathois du 22 avril 1939
[24] Règlement intérieur du camp 14 Z 81
[25] Témoignage de Samuel Fraga recueilli par André Touliou et paru dans L’Agathois le 18/03/1988
[26]Témoignage de Jacobine Pastor (AM Agde 2020).
[27] Après l’arrivée des Allemands à Agde le 12 novembre 1942, le camp est progressivement évacué. Les espagnols encore présents au camp d’Agde dans les Compagnie de travailleurs sont envoyés à Clermont l’Hérault, Seuls les travailleurs étrangers affectés au Parc Auto vont y rester jusqu’à l’automne 1943.
[28] Témoignage de Francine Merliac Soriano, enregistré par les archives d’Agde en décembre 2019.
[29] Voir les dossiers des archives départementales de l’Hérault 1 Z57, 1 Z 58 et 1 Z 59
[30] Joséphine Tobena de Saint- Thibéry demande le 3 avril 1939 à recevoir chez elle son neveu Antoine Lahueza qui est resté un mois chez elle avant d’être interné au camp d’Agde, elle souligne qu’« il est innocent de la barbarie qui s’est passée en Espagne», 1 Z 59.
[31] Archives Départementales de l’Hérault 1 Z 59
[32] La rencontre a eu lieu, le 13 février 1941, à Montpellier.
[33] Témoignage d’Amalia Canalès Romero filmé par les archives d’Agde en 2022.
[34] La thèse de Laia Araño Vega s’intitule «EL camp d’Agde en el sistema concentracionari Francès (1939-1940)», elle a été soutenue à l’Université Autonome de Barcelone en 2021.
[35] Archives Municipales d’ Agde, 38Z15
[36] Véronique Moulinié « La Retirada Mots et Images», Garae Hésiode, 2009, p.45-46.
[37] Florence Guilhem, L’obsession du retour. Les républicains espagnols 1939-1975, Toulouse, PU du Mirail, 2005, p. 22-24.
[38] Archives Départementales de l’ Hérault, 2 W 622-1.
[39] Archives Départementales de l’ Hérault, 12 W 124.
[40] A côté des familles espagnoles on note la présence de nombreuses autres nationalités, notamment des familles polonaises, belges, tchécoslovaques, hongroises, italiennes, hongroises, allemandes, luxembourgeoises.
[41] Témoignage de Michel Serrat AM Agde, DOS 10.
[42] Article de Pierre Lattes paru dans L’Agathois le 10 février 1989.
[43] L’AGATHOIS 24 mars 1945
[44] L’AGATHOIS du 23 juin 1945
[45] L’AGATHOIS 28 avril 1945
[46] Jules Milhau a également été conseiller municipal d’opposition à Jean Félix à partir de 1938, suite à une élection partielle.
[47] L’AGATHOIS du 13 avril 1946
[48] Pierre Lattes, né en 1923, engagé à 21 ans dans les Corps Francs de la Montagne Noire, il rejoint ensuite la 1ère armée du Maréchal De Lattre de Tassigny. Après la guerre, il œuvre pour la Mutualité Sociale Agricole, il est également administrateur de l’hôpital Lachaud et du Centre Communal d’Action Sociale. Il participe à la vie politique locale, adjoint au maire Louis Vallières de 1953 à 1965. Il s’intéresse aussi à l’histoire publie de nombreux articles concernant l’histoire d’Agde dans L’AGATHOIS. Il va s’attacher à partir des années 80 à sortir de l’oubli la période 39-45 et tout particulièrement l’histoire du camp (d’après un article paru dans le journal de la ville, n°21 en 2003, p.14).
[49] Patricia Belluire, Agde 1939-1945: Une ville dans la guerre, Toulouse, Mémoire de l’Institut d’études politique, 1988, 64 p.
[50] Benjamin Laval, Agde et les Agathois dans la guerre 1939-1945, Montpellier, Mémoire de Master, Université Paul-Valéry Montpellier III, 2008, 80 p.
[51] CAMPS Christian, Agde d’hier à aujourd’hui, Les Éd. de la Tour Gile, 1999.p.20; 39-40; 150.
[52] Joseph Vilamosa n’était pas passé par le camp d’Agde, il était venu s’établir opticien à Agde en 1969, mais c’est à lui que la Commission Culturelle avait demandé de préparer l’exposition consacrée aux espagnols lors du cinquantenaire en 1989. Il avait également été choisi par Pierre Lattes pour faire partie du Comité Local d’Histoire avec Georges Cléophas, Jean Claude Mothes et Franck Bancal.
[53] https://www.ville-agde.fr/la-mairie/archives-municipales/camp-agde.